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25 août 2011 4 25 /08 /août /2011 17:46

rome_louve.jpg

 

 

1°) La République romaine conquiert l'Italie.

 

a°) La fondation de Rome, mythes et légendes.

 

Pour les Grecs, notamment Hellanicos de Mytilène, Rome aurait été fondée par un descendant d'Enée et des Troyens, rescapés de la guerre de Troie. Virgile mit en scène cette légende dans l'Enéide.

D'après la légende latine, Romulus, après voir tué son frère Remus, fonda Rome, à l'emplacement du Mont Palatin, en -753 av J-C.

 

b°) La fondation de la République.

 

Monarchie, les patriciens romains chassent leur roi, Tarquin le Superbe, en -509, et établissent une République. Le nouveau régime résiste au roi étrusque Porsenna, qui voulait rétablir Tarquin.

 

c°) La Ligue Latine.

 

Il faudra une quinzaine d'années pour que la République se fige, car le roi déchu ne l'entendait pas de cette oreille ! Après l'essai manqué avec Porsenna, Tarquin embrigada les latins et de - 500 à -493 av J-C, les batailles vont se succéder. Rome créée la fonction de "dictateur", limitée à 6 mois, pour faire face à ce danger mortel, mais avec la mort de Tarquin, en - 495, l'écume de la vengeance va se dissoudre, et romains et latins vont créer la Ligue Latine, en - 493, qui consacre une alliance entre égaux. La République romaine est sauvée !

Cette Ligue Latine permettra aux romains de repousser les Volsques , les Eques et les Sabins, qui, pendant près de 50 ans, s'attaqueront à la cité romaine.

 

d°) Une république oligarchique.

 

Ce n'est pas le peuple qui dirige à Rome, mais les familles patriciennes, véritable oligarchie qui mène la cité. La révolte sociale gronde et la plèbe se révolte, obtenant, en -493, le droit d'être représenté par des tribuns et des édiles.

Les tensions entre patriciens et plebéins seront récurrentes durant ce siècle. La loi des 12 Tables, en - 449, établit leur égalité devant la loi. Mais en - 439, le dictateur Cincinnatus écrasera une révolte plébéienne ! Et il faudra attendre - 366, pour voir un homme du peuple, Lucius Sextius Lateranus, devenir Consul !

 

e°) A l'assaut de l'Italie.

 

Malgré la terrible défaite contre les armées gauloises de Brennus, en - 390, et le pillage de la ville, sauvée de la fureur des gaulois par les oies du Capitole et le  paiement d'un tribut, les armées romaines vont, progressivement, étendre l'influence de la cité dans la péninsule italienne.

C'est d'abord la dissolution de la Ligue Latine et le contrôle du Latium par les romains, en -338.

De - 329 à - 304, ce sera la deuxième guerre contre les Samnites, et malgré la défaite des Fourches Caudines, les romains vont vaincre les samnites et leurs alliés étrusques !

Signe de cette puissance montante, la construction de la Via Appia, de Rome à Capoue.

 

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La troisième guerre contre les samnites, entre - 299 et - 290 va définitivement consacrer la suprématie romaine, avec l'annexion du Samnium et des provinces de l'Italie centrale. Cette expansion romaine va les mettre en contact avec les cités grecques du sud de l'Italie et provoquer un affrontement avec le roi Pyrrhus, qui va durer 8 ans, entre - 288 et - 280. Les victoires du roi grec, à Héraclée et à Ausculum, très coûteuses en hommes, d'où l'expression des "victoires à la Pyrrhus", ne vont pas suffire à terrasser les romains, et il décidera d'arrêter les frais !

 

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Après la prise de Tarente, en - 272, Brindisi tombe, en - 267, sous les coups du consul Marcus Atilius Regulus. L'Italie du sud est tout entière à Rome.

 

2°) Rome contre Carthage  ou le contrôle de la Méditerranée.

 

a°) Une rivalité ancienne.

 

Les deux cités se cotoyaient depuis longtemps, et tant que la cité italienne restait dans son pré-carré romain, les relations étaient plutôt bonnes. Ainsi, des accords commerciaux furent conclus :

 

# en - 509/508, un traité entre les deux cités limitaient le nombre de commerçants romains sur les côtes africaines et permettaient aux carthaginois de piller le Latium !

# en -348, deuxième traité entre les deux cités, avec l'interdiction des commerçants romains de commercer sur le côtes africaines.

# -306, troisième traité entre les deux cités.

# -279, les flottes romaines et carthaginoises s'allient contre le Pyrrhus 1er.

 

Mais lorsque Rome domina toute l'Italie du sud, l'impérialisme romain va se heurter à la domination carthaginoise sur la Méditerranée occidentale, ce qui débouchera sur des frictions puis sur un long conflit !

 

b°) Rome enlève la Sicile à Carthage.

 

La première guerre punique entre - 264 et - 241, va mal débuter pour les romains, avec la destruction de l'armée romaine à Utique, en - 255, ainsi que de la flotte. En -249, rebelote, avec la destruction de la flotte romaine à Drepanum. Ces revers romains vont permettre à Hamilcar Barca de reprendre tout le nord-ouest de la Sicile.

 

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Mais Rome reconstruit sa flotte de guerre, preuve de sa richesse nouvelle, et remporte une bataille navale décisive, en - 241,  au large des îles Egates. Les carthaginois, exsangues, acceptent les conditions romaines, d'évacuer la Sicile, libèrent les prisonniers de guerre et s'engagent à payer en dix ans, une indemnité de guerre de 3 200 talents d'or.

La Sicile devint la première province romaine, excepté Syracuse, indépendante et alliée de Rome.

Après cette humiliation, Carthage, ruinée, ne put payer les salaires de ses 20 000 mercenaires, qui, furieux, se révoltèrent et pillèrent les côtes africaines. Après une guerre atroce, Hamilcar Barca réussit à battre cette horde furieuse !

Affaiblie par la guerre contre les Mercenaires, Carthage devra céder la Sardaigne et la Corse aux romains, entre - 238 et - 229, qui deviendront la seconde province romaine.

 

c°) Rome, maître de la Méditerranée .

 

# Les guerres illyriennes: Rome rentre au panthéon grec !

 

Maître de l'Adriatique, Rome est au prise avec les pirates dalmates ou illyriens.

 

 

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Lors de la première guerre d'Illyrie entre -229/228, les armées romaines chassèrent les pirates illyriens des côtes de l'adriatique. Pour remercier les romains d'avoir chasser les pirates, les Grecs vont inviter Rome aux Jeux isthmiques de - 228 et ils furent admis, à Athènes, aux mystères d'Eleusis, preuve qu'ils n'étaient plus considérés comme des barbares, mais comme faisant partie de la civilisation grecque !

10 ans plus tard, alors que les romains doivent parer à la menace gauloise et carthaginoise, Démétrios de Pharos, jadis allié de Rome dans la première guerre d'Illyrie, ravage les cités illyriennes et les cyclades. Mais les romains se mobilisant, battent les illyriens, et Démétrios se réfugia auprès de Philippe V de Macédoine, dont il devint le conseiller jusqu'à sa mort, en - 214.

 

# La deuxième guerre punique: un danger nommé Hannibal !

 

 Cannes, un chef d'oeuvre de l'art militaire !

 

En - 219, les armées cartaginoises font le siège de la ville ibère de Sagonte, alliée de Rome. Casus belli qui va commencer la deuxième guerre punique. A la fin de l'année - 218, Hannibal quitte l'Espagne pour se diriger vers l'Italie.

 

hannibal-barca-carthage.JPG

 

 

Se sachant inférieur sur mer, le carthaginois décida de croiser le fer avec Rome sur Terre. Sur le chemin, il s'alliera avec des peuples anti-romains, comme des tribus gauloises. Parti avec 37 éléphants, tous mourront en traversant les Alpes et le seul qui restera en vie lui servira de monture. Les troupes carthaginoises vont éviter de s'attaquer à Rome et piller l'Italie. Après les victoires de la Trébie et du lac Trasimène, Hannibal, en  le 2 août - 216, réussit à anéantir les armées romaines lors de la bataille de Cannes, cité du sud de l'Italie.

 

 

 

 

 

La défaite de Cannes se traduisit par la défection de certains alliés de Rome, comme Capoue, en Italie ou Syracuse, en Sicile. Hannibal s'allie avec le roi de macédoine, Philippe V, qui profite la faiblesse romaine pour commencer la première guerre macédonienne contre Rome.

 

Le général carthaginois refuse d'assiéger Rome, peut-être car il pressent que le siège serait beaucoup trop long et préfère détacher de l'orbite romaine ses alliés italiens. Mais malgré Cannes, pas assez de cités rejoignent sa cause et l'objectif du général cathaginois, de faire imploser l'imperium romain sur l'Italie, échoue.

Dès - 212, les armées romaines qui ont repris la tactique de Fabius Cunctator, d'éviter le combat contre les armées de Carthage, pour les harceler et jouer la montre, mettent à mal les troupes d'Hannibal, qui errent, sans objectif précis, dans le Latium. Pour contrer Philippe V, Rome s'allie avec la Ligue étolienne qui essaie de pousser son initiative jusqu'en Illyrie.

 

 Zama et la fin de l'hégémonie carthaginoise.


Mais le vent tourne, la suprématie militaire carthaginoise s'étiole, l'éloignement d'Hannibal commence à confiner à l'isolement. Une armée de secours carthaginoise est arrêtée à Métaure, en - 207, son chef, Hasdrubal, frère d'Hannibal, perdant la vie. Une autre armée carthaginoise, commandée par Magon, le cadet, n'aura pas plus de succès.

Scipion l'Africain décide alors de débarquer en Afrique du Nord, en - 204,

 

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pour obliger Hannibal à revenir combattre sur ses terres.

 

La rencontre décisive entre les deux armées ennemies va se jouer à Zama, le 12 octobre -202. Mais Scipion a décidé d'annihiler la charge des 80 éléphants de l'armée carthaginoise en laissant des grands couloirs entre les manipules, permettant aux pachydermes d'avancer sans rencontrer de résistance et de les désorienter par le bruit des cors et des clairons.

 

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Les bêtes vont alors se retourner contre leur maître carthaginois, semant un désordre qui confinera à l'anarchie. Les mercenaires gaulois et ligures reculent alors devant la pression de l'armée romaine, pour buter sur la troisième ligne des africains, dans un désordre indescriptible. L'armée d'Hannibal implose et perdra 20 000 soldats et près de 10 000 prisonniers, alors que les romains n'auront à déplorer que 1 000 pertes ! Carthage dut alors accepter un traité désastreux et perdit toutes ses colonies extra-africaines, dont l'Espagne. La puissante cité se réduisait désormais à son territoire proche, et laissait l'hégémonie sur la Méditerranée Occidentale à Rome !

 

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La troisième guerre punique, de -149 à -146, ménée par Scipion l'Emilien, amènera à la disparition totale de Carthage, qui sera rasée et à la domination totale des romains sur le Maghreb.

 

# Les  guerres macédoniennes et l'hégémonie romaine sur la Grèce.

 

Après la chute de Carthage, Philippe V de Macédoine se retourne contre Pergame

 

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et Rhodes. Les deux cités demandent alors la protection de Rome, qui l'accepte, contente de mettre au pas un allié un peu trop turbulent. De -200 à - 197, les armées romaines vont lancer des offensives sur la Macédoine et vont écraser les troupes de Philippe à la bataille de Cynoscéphales, en - 197, où la souplesse tactiques des manipules vont avoir raison des lourdes phalanges macédoniennes.

Le roi de Macédoine accepte donc les lourdes conditions imposées par le consul Flamininus, notamment d'abandonner toutes les places grecques en Europe et en Asie mineure, de livrer sa flotte et son fils à Rome, et d'être enfin l'allié des romains !

 

Mais le fils de Philippe, Persée de Macédoine, qui était monté sur le trône après la mort de son père, en -179, profitant de l'exécution de son aîné, Démétrius, partisan des romains, retourne sur les chemins de la guerre contre Rome, de -171 à -168. Battu à la bataille de Pydna, il fut le dernier souverain de la dynastie antigonide, celle qui descendait du grand Alexandre, puisque son royaume fut dissout et la Macédoine divisée en 4 républiques.

 

Une 4eme et dernière guerre macédonienne eut lieu, entre -150 et -148.  Andriscus, qui se proclama roi macédonien, descendant de Persée, décida de se dégager de la domination romaine. Malgré des succès initiaux, contre Scipion Nasica,  la Macédoine fut de nouveau mis au pas par Quintus Metellus et devint une province romaine. Ce fut le dernier soubresaut de la grande lignée macédonienne !

 

# En Asie contre les Séleucides !

 

Profitant que les romains soient tout occupés contre son allié, Philippe, le roi Séleucide, Antiochos III s'attaque à l' Egypte, dont le souverain n'est qu'un enfant de 5 ans, Ptolémée V. Il s'invite aussi en Grèce, et est battu par les romains, en -191 au Thermopyles. Repassé en Asie, il sera vaincu par Scipion l'Asiatique, en -189, à Magnésie. Il doit accepter les conditions romaines, à Apamée, un an plus tard, et livrer ses territoires d'Asie Mineure à l'allié de Rome, Pergame.

Rome héritera du royaume du Pergame, qui deviendra une province d'Asie, en -129.

 

Et Caton décida de la fin de  Carthage !

 

 

 

 


 



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23 août 2011 2 23 /08 /août /2011 12:34

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Source principale : Le carrefour afghan de Bernard Dupaigne et de Gilles Rossignol, collections Folio actuel (Gallimard, 2002)

 

 

 

 

 


 

1°) L'Afghanistan, une zone tampon entre la Russie et l'Empire britannique.

 


 

Pays montagneux, passerelle entre la Chine et la Perse, l'Afghanistan fut traversé par la route de la soie et par divers envahisseurs. Mais sa géographie, faite de hauts sommets et de vallées encaissées ne fut jamais propice aux invasions, et l'Afghanistan ne fut jamais colonisé, certainement car son intérêt stratégique fut toujours limité. Pays continental, n'ayant pas d'accès à la mer et ne disposant pas de ressources particulières, l'Afghanistan était de plus coincé, entre deux géants, la Russie et l'Empire Britannique.

 

A°) Une marche à la périphérie de l'Empire des Indes.

 

a°) Conflit russo-anglais.

 

Limitrophe à la perle de l'Empire britannique, l'Inde, l'Afghanistan avait un intérêt pour la Grande-Bretagne. Contrôler ce territoire, c'était sécuriser la frontière nord-ouest de l'Inde et repousser l'impérialisme russe en Asie Centrale.

En 1837, une mission russe se rend à Kaboul et demande à Dost Mohammed, l'émir de la cité, d'établir des relations diplomatiques et commerciales entre les deux pays. Cette expansionnisme russe inquièta l'East India Company qui confia au persanophone Alexander Burnes (1805-1841),

 

alexander-burnes-afghanistan.jpg

 

 

le soin d'apporter  un ultimatum enjoignant à l'émir, d'arrêter toutes relations avec les russes.

 

b°) 1839: la première guerre anglo-afghane.

 

Devant son refus, le vice-roi des Indes, Lord Auckland, réunit une armée, et investit Kaboul, le 7 août 1839, déposantDost Mohammed pour le remplacer par Châh Choudjâh.

Malgré la présence des troupes anglaises autour de Kaboul, des émeutes vont éclater, et Burnes sera assassiné, ainsi que le chef de la mission britannique, McNaughten, après une discussion houleuse avec les chefs de tribus pachtouns ! L'armée britannique décide alors de quitter la région, le 6 janvier 1842, avec 650 soldats, plus de 3 500 supplétifs indiens, encombré par 10 000 membres de leurs familles, pour prendre la route de Peshawar. Dans les gorges de la rivière Kaboul, les tribus ghilzaïs les harcèlent, les scindent en plusieurs petits groupes qu'ils vont décimer ou capturer. Le Dr Brydon, un des rares rescapés du massacre, fera un rapport tragique sur l'épisode.

A Kaboul, la situation devint intenable et Châh Choudjâh est assassiné en avril 1842. Les britanniques envoient alors deux corps d'armée en Afghanistan, qui reprennent la ville le 18 septembre 1942 .

 

c°) Premier traité anglo-afghan.

 

Dost Mohammed repart alors à la reconquête de ses provinces perdues,

 

Dost_mohammad_khan.jpg

 

et, en 1855 et 1857, signera deux traités avec les anglais, qui lui alloueront une indemnité mensuelle de 10 000 livres pour calmer ses ardeurs belliqueuses, notamment sur Peshawar. Les anglais qui contrôlaient l'Empire des Indes avec peu de soldats, ne pouvaient pas se permettre de mobiliser trop de troupes pour neutraliser l'émir de Kaboul et l'ont donc soudoyé pour le contrôler. La position intérieure de l'Afghanistan ne lui donnait pas une position stratégique décisive pour les anglais, et ne nécessitait pas une domination totale du pays, ce qui ne fut pas le cas de la Birmanie, envahie et soumise par une guerre en 1852.

 

d°) Seconde guerre anglo-afghane et protectorat britannique.

 

La mort de l'émir de Kaboul, en 1863, va aiguiser les appétits des puissances régionales et provoquer 15 ans de troubles. A l'Ouest, les persans occupent Seistan, au nord, les russes investissent Tachkent, en 1865, et imposent leur protectorat sur le sultanat de Boukhara, en 1868, puis sur le khant de Khiva, en 1873.

A Kaboul, en 1878, Cher Ali Kahn, le fils de Dost, refoule une délégation russe et une mission britannique conduite par Louis Cavagnari.

 

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Perçu comme un camouflet, l'attitude du Kahn provoque un casus belli chez les britanniques, qui envoient, le 20 novembre 1878, trois colonnes pour investir Kaboul. Cher Ali s'enfuit et mourra l'année suivante. Le 26 mai 1879, son fils, Ya'koub Khan, signe un traité avec les britanniques, à Gandamak,  dont les clauses sont sévères. Les anglais obtiennent plusieurs places fortes en zone pachtoune En contrepartie, les britanniques reconnaissent Ya'koub comme "émir de Kaboul" et lui verseront une pension annuelle de 60 000 livres. La région devient, in fine, un quasi-protectorat britannique.

 

Louis Cagnavari s'installe alors à Kaboul en juillet, dans un climat hostile. En septembre, une émeute éclate dans le bazar, Cagnavari et les membres de la mission britannique sont massacrés ! Une armée anglaise est envoyée pour reprendre le contrôle de la ville, commandé par le général Roberts qui défait l'armée de l'émir et occupera Kaboul, le 12 octobre 1879.

 

2°) La naissance de l'Afghanistan, entre tradition et modernité.

 

a°) Abdour Rahman, l'émir de fer (1880-1901).

 

Un petit-fils de Dost Mohammed, Abdour Rahman,

 

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réfugié dans l'émirat de Boukhara, franchit l'Amour-Daria avec ses troupes et négociera avec les britanniques, reconnaissant le traité de Gandamak, en 1883, en échange d'une reconnaissance, par les britanniques, de son pouvoir à Kaboul.

Rahman va régner jusqu'en 1901, et va unifier un pays soumis aux forces centrifuges. En effet, lorsqu'il accède au pouvoir, à Kaboul, il ne contrôle que la cité et ses alentours, puisque les autres vallées se dirigent, de fait, de manière autonome.

Alors que l'émir de fer va imposer son autorité aux autres ethnies afghanes, notamment les Hazaras, l'Afghanistan va se constituer en tant qu'état. En effet, en 1893 et 1895, une commission dirigée par Sir Mortimer Durand, secrétaire aux Affaires étrangères dans le gouvernement des Indes, va fixer les frontières entre le Pakistan et l'Afghanistan, limites acceptées par la Russie. Dans le même temps, le nom d'Afghanistan remplace l'appelation "sultanat de Kaboul", et le pays devient un sujet du droit international !

On peut considérer Abdour Rahman comme le fondateur de l'Afghanistan moderne.

 

b°) L'Afghanistan souverain.

 

Son successeur, son fils, Habiboullah,  est sensible aux thèses réformistes d'Al-Afghani qui stigmatise l'impérialisme britannique et l'obscurantisme des religieux conservateurs. Moderniste, il ouvrira une école et un hôpital à Kaboul et restera neutre lors du premier conflit mondial.

Assassiné lors d'une partie de chasse en 1919, il est remplacé par son beau-fils, Amanoullah, qui poursuivra et renforcera l'oeuvre modernisatrice de son père. Rêvant de réunir tous les pachtouns sur un seul territoire (le rêve d'un pachtounistan, remettant en cause la ligne Durand, sera récurrent dans la vie politique afghane), il attaque les britanniques en mai 1919, et, très rapidement, en août, les anglais, las de cette agitation guerrière, signe un traité à Rawalpindi, qui redonnera sa souveraineté à l'Afghanistan. Ce traité illustre bien le relatif désintérêt des anglais pour ce pays, qui sans accès à la mer, n'a qu'un intérêt très limité pour eux !

Toutefois, la ligne Durand reste la rège, et le Pachtounistan reste toujours à cheval entre les deux pays.

 

c°) Amanoullah, le roi réformateur !

 

King_Amanullah_Khan.jpg

 


Admirateur de Mustapha Kemal, le roi va entreprendre de moderniser son pays:

- promulgation d'un nouveau code de la famille, en 1921.

- réforme de la loi sur le mariage avec l'interdiction de marier des filles de moins de 18 ans.

- le droit à l'éducation est reconnu pour les filles, et la première école pour elle est créée en 1921.

- il fait aussi appel à un français, Alfred Foucher, pour planifier l'élaboration de l'enseignement secondaire, qui se traduira par la création d'un établissement scolaire franco-afghan, le lycée Amaniya, en 1922. Il confiera aussi à un français, Auguste Girard, la direction du premier lycée agricole du pays, en 1926.

- un plan de formation pour des étudiants afghans est mis en place, et 34 d'entre eux seront envoyés en France, au lycée Michelet, à Vanves, en 1921.

- une loi constitutionnelle est promulguée, modernisant le fonctionnement de l'Etat et protégeant les minorités religieuses.

- réforme du code pénal, en 1924, avec l'intention de séculariser l'institution judiciaire.

- tentative de séculariser l'état afghan et d'affaiblir les théologiens conservateurs, formés dans les écoles déobandi, en Inde.

 

d°) Nader Shah, entre tradition et modernité.

 

Les réformes d'Amanoullah frappaient de plein fouet la religiosité des afghans, et se traduisit par des révoltes, dans la région de Khost, alimentées par les mollahs. La répression sera féroce, et, avec l'aide de pilotes soviétiques et allemands et de leur bombardier, elle fera 2 000 morts.chez les rebelles.

En août 1928, les réformes continuants, la révolte gronde à Kaboul, et, le 2 octobre, éclate. Le pays va se soulever, ce qui va conduire Amanoullah a abdiqué, en janvier 1929, en faveur de son frère aîné. Mais trois jours plus tard,  un dénommé Habiboullah Kalakani investit Kaboul et s'autoproclame "émir d'Afghanistan". Le nouveau venu, un tadjik analphabète, qui ne contrôlera que la capitale, annulera les réformes progressistes et initiera une politique de terreur pendant 9 mois, avant d'être chassé puis exécuté, en octobre 1929, par des forces pachtouns commandées par Nader Khan.

En 1931, une nouvelle constitution est promulguée ( elle restera en vigueur jusqu'en 1964). La charia devient la loi du royaume, et Nader Khan devient Nader Shah.

 

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La politique du nouveau roi était de concilier les traditions afghanes, qu'Amanoullah avait violemment secoué, avec une certaine modernité, pour apaiser le pays profond et les mollahs. Mais il n'eut pas le temps de voir les fruits de son action puisqu'il fut assassiné en 1933.

 

e°) Zaer Shah ou l'impossible modernisation.

 

- Le rêve du Pachtounistan.

 

Zaer Shah, le fils de Nader, monte alors sur le trône. Son règne va durer 40 ans, de 1933 à 1973.

 

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Francophile, le roi Zaher rêve, comme ses prédécesseurs, de reconstituer le Pachtounistan, région à cheval entre l'Afghanistan et l'Inde. Lors de la création du Pakistan, en 1947, l'Afghanistan sera le seul pays à voter contre l'entrée du Pakistan aux Nations Unies, prétextant que le droit des pachtouns n'étaient pas respectés. L'URSS va soutenir les revendications afghanes, le Pakistan était considéré comme pro-américain et de nombreuses frictions vont égayer les relations entre les pays jusqu'en 1951.

 

- Daoud Khan, le Prince rouge, Premier Ministre.

 

En 1953, le cousin du roi,  Mohammed Daoud Khan, est nommé premier ministre.

 

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Daoud veut relancer la modernisation du pays, dans la lignée du roi Amanoullah et veut substituer à la charia une loi civile plus adaptée à la société moderne. Il relance, encore une fois, l'idée d'un Pachtounistan et réclame un référendum d'autodétermination pour les pachtouns et balouchtes vivant au Pakistan. Et entre 1961 et 1963, la frontière afghano-pakistanaise sera fermée pendant 18 mois.

Il hésite aussi entre les USA et l'URSS. Dans un premier temps, il demande de l'aide aux américains, mais ceux-ci conditionne celle-ci à une adhésion de l'Afghanistan à l'OTASE, Organisation du Traité de Sécurité de l'Asie du Sud-Est, dont fait partie le Pakistan, depuis 1954. Daoud, ne peut évidemment pas se résoudre à entrer dans une organisation où siège le Pakistan détesté, qui opprime les pachtouns et les Balouchtes !

Aussi, il se retourne vers le "grand voisin du Nord", et à l'issue de la visite de Khrouchtchev à Kaboul, le 18 décembre 1955, un traité de coopération économique est signé, début d'une lente mais progressive satellisation de l'Afghanistan autour de l'URSS.

Les soviétiques vendent des armes aux afghans, et construisent 3 aéroports. Daoud copie le modèle soviétique et met en branle un plan quinquennal. Il est alors nommé le "Prince rouge" pour son amitié avec les communistes russes, a réussi à marginaliser le roi et est accusé, par ses opposants, d'avoir livré le pays aux soviétiques.

 

- Mohammed Youssof et l'échec de la nouvelle Constitution.

 

Devant le mécontentement général, Daoud donne sa démission et est remplacé, le 10 mars 1963, par le Dr Mohammed Youssof. Une nouvelle constitution, écrite par des juristes français, et s'inspirant clairement de la Veme République est proclamée. Mais on ne plaque pas, artificiellement, un régime politique moderne sur une société traditionnelle, pluriethnique, et profondément religieuse. Les élections de 1965 ne mobiliseront que 10 % du corps électoral afghan, signe évident de la désaffection de la population envers un régime artificiel, qui ne correspondait pas aux aspirations des uns et des autres. Le score fut identique 4 ans plus tard, preuve que le système politique n'avait pas gagné le coeur des afghans, et n'avait aucune légitimité !

 

3°) L'échec du régime démocratique et la fin du régime de Zaer Shah !

 

a°) Ethnicité et modernité, l'équation impossible ?

 

L'Afghanistan est un pays pluri-ethnique, une véritable mosaïque humaine,  peu adapté à l'émergence d'une identité commune.

Entre les pachtouns, qui constituent 40 % de la population, les tadjiks (30 %), les Ouzbeks et les Hazaras (environ 7 % chacun), les Aymaks, les Turkmènes, ou les Balouchtes, la discorde est souvent la règle, et le réflexe ethnique surpasse souvent l'intérêt général du pays. Mais même au sein d'une même ethnie, il y a encore des divisions très strictes, comme chez les Pachtouns, dominée par deux grandes confédérations, les ghilzaïs et les douranis, elles-mêmes fragmentées en multitudes de tribus, clans, groupes, qui s'opposent en permanence. Un biographe de Dost Mohammed, figure éminente de l'Afghanistan du 19e siècle observera qu':

 

 

il n' y a pas d'unité [chez les Pachtouns]. Rien n'est permanent. Chaque chose dépend du bon plaisir ou du caprice d'un certain nombre de despotes toujours en désaccord avec les autres et dont les tribus épousent les querelles personnelles."


De même, les populations sont très religieuses, et l'islam sunnite, prédominant, se heurte au chiisme des Hazaras, considérés comme des sous-citoyens, et à d'autres religions plus minoritaires, comme les ismaéliens, les hindouistes et même des animistes du Nouristan, dans les profondes et inaccessibles vallées de l'Hindou Kouch !

Enfin, le pays connaît deux langues officielles, le pachtou, parlée par 40 % de la population, et le dari, langue persane, parlée par les tadjiks.


Aussi, peut-on légitimement se poser des questions sur l'afghanité, notion qui ne recouvre nullement les multiples identités du pays, tiraillées entre les différentes ethnies, qui sont reliées à des espaces civilisationnels parfois forts différents, entre la Perse, le Pakistan et la Turquie.

 

On ne peut comprendre la politique afghane sans tenir compte de la variable "ethnique".

 

 

b°) Le désintérêt américain.

 

Si le pays de L'homme qui voulut être roi, de Rudyard Kipling, pouvait enflammer les imaginations, le régime "démocratique", corrompu et aboulique se meurt, dans l'indifférence internationale.

Si l'aide internationale fut de 244,5 millions de $ entre 1958 et 1962 et de 495,3 millions entre 1962 et 1967, elle s'effondra entre 1967 et 1972, passant à 295,3 millions de $ ! L'aide des USA , par rapport à la période 1962-1967, avait été divisée par 3, entre 1967 et 1972, passant à 53,1 millions de $. En juillet 1972, de passage à Kaboul, le secrétaire d'Etat au Trésor, John Connaly, passager de la limousine présidentielle à Dallas, en 1963, avait signifié au gouvernement afghan que l'aide américaine n'augmenterait pas.

 

Le désintérêt américain pour ce pays est du à l'éloignement de l'Afghanistan des zones pétrolières du Moyen-Orient et du Viet-Nam, où se joue un épisode décisif de la guerre froide. De même, pays sous-développé et enclavé, sans ressources naturelles, l'Afghanistan, pays sans infrastructures, n'intéresse guère les multinationales américaines, et est voué, par sa proximité géographique, à rester dans l'orbite soviétique. Les américains prennent donc acte de cette subordination inévitable de Kaboul sur Moscou.

 

c°) Dans l'orbite soviétique.

 

L'affaiblissement de l'aide internationale et américaine augmentait la dépendance de l'Afghanistan à l'URSS, principal bailleur de fonds du régime, qui avait, elle aussi, revue son aide à la baisse, de 258,3  à 126,3 millions de $.

Mais plus que l'aide financière, l'URSS se fit de nouveaux alliés dans l'Afghanistan du roi Zaher. En effet, le régime avait réussi à développer la scolarisation des afghans passant de 98 743 élèves dans le primaire, en 1951, à 760 469, en 1972.

A Kaboul, l'université s'était développé, et quelques milliers d'étudiants faisaient des études dans la capitale, dans les années 60. C'est dans ce vivier estudiantin qu'allait se former deux mouvances, l'une communiste, l'autre islamiste.

L'idéologie marxiste était fort attirante, dans les années 50, pour des intellectuels vivant dans des pays en voie de développement. Elle permettait de moderniser le pays tout en gardant la haute main sur l'économie, en évitant que les ressources soient pillées par des multinationales rapaces. Le modèle soviétique  était donc très en vogue, à l'époque, et signifiait, pour beaucoup de pays en voie de développement, l'espoir d' une entrée dans la modernité.

L'Afghanistan n'échappa pas à cette mode, et le mouvement communiste afghan se structura dans les 60 entre deux mouvances.

 

d°) Les deux tendances du communisme afghan.

 

Après la démission de Daoud, en 1963, le mouvement communiste afghan va se structurer autour de deux personnalités:

- Nour Mohammed Taraki.

 

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- Babrak Karmal.

 

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Aux élections législatives de 1965, qui sont caractérisées par un abstentionnisme record, de près de 90 %, les communistes ont 4 élus, dont Babrak Karmal et sa compagne Anahita Ratebzad.

L'année suivante, en 1966, une scission divise le mouvement communiste entre ses deux figures tutélaires. Les uns se réunissent autour de Karmal, dans le Parchtam, qui se proposait d'investir, progressivement, l'appareil d'Etat, pour établir un régime communistes, les autres, se mettent sous l'autorité de Taraki, dans le Khalq, qui était plutôt partisan d'une prise de pouvoir plus violente, par le biais d'un soulèvement poulaire.

Au-delà des divergences de stratégie, il y avait aussi une césure ethnique, Taraki étant pachtoun, Karmal, persanophone !

Une troisième tendance, ultra-minoritaire, maoïste, dirigée par Taher Badashki, disparaîtra en 1978.

 

Evidemment, les soviétiques vont soutenir les deux mouvances communistes afghanes et on estime que lors du coup d'Etat de 1973, il y avait un millier de conseillers militaires, à l'ambassade soviétique de Kaboul !

 

e°) La chute de Zaher Chah et le coup d'Etat de Mohammed Daoud Khan.

 

Dans la nuit du 16 au 17 juillet 1973, alors que le roi Zaher séjourne à Ischia, en Italie, un coup d'Etat piloté par des officiers communistes et républicains offre le pouvoir à Mohammed Daoud Khan, cousin du roi, et déjà premier ministre, surnommé le Prince rouge.

 

daoud-khan-afghanistan.JPG

 

Le putsh met fin à 40 ans de règne de Zaher, plutôt paisible, et ouvre de nouveaux horizons qui s'avèreront uniquement belliqueux ...opposant communistes et islamistes !

 

 

Conclusion:

 

Pendant près de 140 ans, l'Afghanistan est restée à la périphérie de la marche du monde, pays montagneux et sans ressources qui fut une zone tampon entre l'Empire russe et l'Empire britannique. Les anglais investirent le pays pour y contrer l'impérialisme russe et pour protéger les marches de l'Inde, au nord-ouest, mais ne s'établirent jamais durablement dans le pays, préférant soudoyer les émirs ou faire des traités garantissant la frontière indo-afghane sous contrôle militaire, comme celui de Gandamak en 1883. En 1919, ils ne jugèrent même pas pertinent de reconquérir le pays, après la déclaration de guerre du roi Amanoullah, et signèrent le traité de Rawalpindi, qui offrait l'indépendance à l'Afghanistan, preuve du peu d'intérêt stratégique des britanniques envers ce pays, région enclavée sans accès à la mer et couverte de sommets inaccessibles !

Alors que les tentatives de rois progressistes, comme Amanoullah, échouèrent, l'Afghanistan trouva une certaine stabilité, sous le roi Zaher Shah, de 1933 à 1973, qui privilégia une politique modérée, respectant les traditions afghanes, pour ne pas heurter le pays profond.

Mais  la corruption endémique de l'administration, l'immobilisme politique et le peu de croissance de l'économie afghane, peu aidée par la communauté internationale et délaissée par les américains, se traduisit par une satellisation du pays autour de l'URSS, dès les années 60, devenu le principal bailleur de fonds du régime et le premier partenaire économique du pays.

Le coup d'Etat de 1973, téléguidé par les communistes, était donc le point final de cette subordination de Kaboul à Moscou, et va ouvrir une période de près de 40 ans de guerre !

 

 

 

 

 



 


 


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16 juin 2011 4 16 /06 /juin /2011 08:17

 

 

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La mondialisation n'est pas un phénomène nouveau, puisque depuis la découverte du continent américain par Christophe Colomb, en 1492, les hommes et les pays ont toujours échangé des produits, des capitaux et des idées entre eux. Mais depuis la fin de la seconde guerre mondiale, elle s'est notablement accélérée !

 

A°) La mondialisation économique et culturelle.

 

1°) L'intégration économique mondiale.

 

Les désordres économiques et financiers avaient été une des causes de la seconde guerre mondiale, puisque la crise de 1929, aux USA, avait entraîné la montée du nazisme, en Allemagne, qui se traduira par la prise de pouvoir par Hitler, en 1933, avec les conséquences que l'on connaît.

 

a°) FMI et Banque Mondiale.

 

C'est pour cela qu'en 1944, les alliés ont la volonté d'organiser l'économie mondiale pour éviter qu'une telle catastrophe se reproduise. En 1944, par les accords de Bretton Woods, 44 nations alliées décidèrent d'organiser la finance mondiale en créant le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale, deux organisations destinées à aider à la reconstruction d'après-guerre.

 

b°) GATT puis  OMC.

 

L'organisation d'un système monétaire international, décidée à Bretton Woods, va se doubler d'une réorganisation du commerce mondial.

En 1947, 23 pays signent un Accord général sur le tarifs douaniers et le commerce ( dit GATT), dans le but de favoriser le commerce entre les pays signataires.

En 1994, le GATT se transformera en Organisation Mondiale du Commerce (OMC), organisme destiné à régir et à favoriser le commerce mondial.

 

2°) La Triade, coeur de l'économie-monde.

 

a°) La Triade.

 

Triade trois economie

 

Les 2/3 des échanges de produits manufacturés se font entre les USA, l'Union Européenne et le Japon. Ces trois régions concentrent aussi les capitaux (capitaux = argent) venant du monde entier, qui viennent s'investir dans les pays de la Triade et des bourses comme Wall Street, à New-York ou à la City de Londres sont les plus importantes du monde.

De plus, les plus grandes multinationales mondiales sont originaires de ces trois zones et sont l'exemple même de la mondialisation, puisque ces entreprises ont des activités dans tous les pays du monde.

 

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b°) Les pays émergents.

 

Leaders de l'économie mondiale, les pays de la Triade sont désormais concurrencés par des pays dits "émergents", comme la Chine et l'Inde, par exemple, qui ont une forte croissance économique,

 

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et qui, par leur poids démographique, vont être, bientôt, des acteurs majeurs de l'économie mondiale, concurrençant les pays de la Triade.

 

3°) La mondialisation culturelle.

 

a°) La prédominance de la culture américaine.

 

La circulation des marchandises se traduit par l'uniformisation des cultures, dont les standards deviennent les mêmes pour tous. La culture américaine par le biais des films hollywoodiens et de ses multinationales s'est généralisée au monde entier avec des produits "universels" comme Coca Cola, le hamburger ou les baskets Nike.

Les films et séries américaines  passent dans le monde entier et tous les jeunes du monde écoutent de la musique américaine.

Les nouveaux médias comme Internet ou le téléphone portable accélèrent ce phénomène, puisque en un clic, l'internaute a accès à n'importe quels événements se passant dans le monde, favorisant l'émergence d'une culture mondiale commune dont les Jeux Olympiques sont le point d'orgue !

 

b°) Worldfood.

 

Mais la circulation des hommes et des idées favorisent aussi la constitution d'une culture commune qui se traduit par exemple, par l'accession de certains plats locaux à une reconnaissance internationale. La pizza italienne, le kebab turc, le nem vietnamien, la baguette française, la paëlle espagnole, le cousous maghrébin ou le sushi japonais sont présents dans toutes les villes du monde comme faisant partie, désormais, du patrimoine immatériel de l'humanité !

 

                     Pizza Earth !

 

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c°) Des modes de vie standardisées.

 

Désormais dans les grandes villes mondiales, de New-York à Paris, de Londres à Pékin, les citadins s'habillent pareils, mangent la même chose et regardent les mêmes programmes, conduisant à l'émergence d'un citoyen transnational, qui communique en anglais, langue universelle parlée dans le monde entier.

 

B°) Les limites et les résistances à la mondialisation.

 

1°) Le péril économique.

 

La dernière crise financière aux USA, en 2008, et son impact sur le monde entier, a démontré que la mondialisation économique est grosse de périls immenses. En effet, la politique d'un seul pays, les USA, qui abuse du crédit et qui est très endetté, mais dont le dynamisme attire toujours les investisseurs étrangers,

 

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met en danger toute l'économie mondiale, en cas de crise, ce qui s'est passé dernièrement. Aujourd'hui, comme toutes les économies du monde sont liées entre elles, un problème dans un pays de la Triade, peut avoir des conséquences majeures sur tous les autres pays. La grave crise financière qui touche la Grèce, surendettée et incapable de rembourser, fait tanguer l'Union Européenne et la zone Euro.

 

2°) Multinationales contre Etat-Nation.

 

a°) Les géants de l'économie !

 

La circulation quasi libre des marchandises, entre les pays faisant partie de l'OMC, a décuplé les bénéfices des multinationales qui ont des chiffres d'affaires parfois supérieurs au budget des Etats. Si les pays riches peuvent contrecarrer les ambitions de ces "monstres", voir la condamnation de Microsoft par la Cour Suprême des USA dans l'affaire i4i, ou si certains géants ont pu être mis à mal par les lois anti-Trusts, les pays en voie de développement, plus pauvres, n'ont pas le pouvoir de s'opposer à la rapacité de ces multinationales, qui peuvent mettre un pays en coupe réglée !

 

b°) Intérêts particuliers contre intérêt général.


Les intérêts des multinationales, purement privés et lucratifs, sont souvent opposés aux intérêts des Etats, qui agissent pour le bien du plus grand monde et non pour le portefeuille de quelques actionnaires. C'est le cas en ce qui concerne les délocalisations des usines. Dans l'Union Européenne, aux USA, beaucoup d'usines, même rentables, ferment, et sont délocalisées en Chine, où la main d'oeuvre est meilleur marché et le droit du travail inexistant, gonflant les chiffres du chômage dans les pays de la Triade.

 

c°) La résistance citoyenne.

 

 

Depuis 20 ans, le cortège des chômeurs en Europe, ne cesse d'augmenter, atteignant des chiffres records dans certains pays, comme l'Espagne,  provoquant des manifestations monstres, de la jeunesse désoeuvrée en colère, comme celle des "Indignados" de la Puerta del Sol, à Madrid.

Le mouvement alter-mondialiste, très actif lors de la première décennie du siècle, et qui s'incarne, en France, dans l'association ATTAC, pense qu'un "autre monde est possible" !

 

2°) Le retour aux identités.

 

a°) Le retour vers les terroirs.

 

Face à l'uniformisation culturelle, certains stigmatisent cette culture mondialiste qui détruit les identités locales. C'est José Bové qui condamnera la "Malbouffe" incarnée par Mc Donald's,

 

bove-malbouffe-gaulois.JPG

 

ce sont des producteurs locaux qui veulent réhabiliter les productions du terroir, ou des associations qui revendiquent un retour à un certain "art de vivre", loin des produits aseptisés de l'industrie agro-alimentaire, comme l'association "slow food".

 

b°) Le danger du repli identitaire.

 

Mais cette résistance à l'uniformisation culturelle, si elle peut être justifiée, peut dériver vers des horizons moins sympathiques. L'extrême-droite européenne, en pleine progression, instrumentalise (=utilise) ce légitime besoin à défendre une certaine culture locale, pour délivrer son message xénophobe (=raciste) et insister sur un repli identitaire qui rappelle de mauvais souvenirs. Car si la mondialisation économique et culturelle peut générer des problèmes, ce n'est pas un repli sur soi qui les règlera !

 

 

Conclusion:

 

 

Cette mondialisation, malgré ses effets négatifs, a apporté, aussi, un formidable bol d'oxygène à des pays qui passaient souvent leur temps, dans le passé, à se faire la guerre. La circulation des marchandises se conjuguent aussi avec celle des hommes, et la jeunesse d'aujourd'hui est beaucoup plus ouverte au monde que celle du passé, grâce, notamment, au programme Erasmus, qui permet à des étudiants de passer une année à l'étranger.

Mais la dernière crise financière partie des USA, en 2008, qui a impacté durement certains pays européens, comme la Grèce ou l'Espagne, montre qu'il faut absolument réguler cette économie mondialisée, notamment le marché financier, si on veut, à l'avenir, éviter une nouvelle catastrophe !

 


 


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1 juin 2011 3 01 /06 /juin /2011 14:07

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Bibiographie: Naissance et effondrement du régime soviétique en Russie, de Marc Ferro, Livre de Poche, 1997.

 

 

Le stalinisme a été condamné très tôt, par des militants marxistes, puisque la première biographie de Staline, de Boris Souvarine, paraît en 1935. 

Léon Trotsky, chassé d'URSS par Staline, en 1929, parlera, lui, de Révolution trahie, en 1936, décrivant le géorgien comme le représentant de la bureaucratie soviétique. Pour Trotsky, l'URSS était un "Etat ouvrier dégénéré", et si il condamnait le stalinisme comme un "Thermidor soviétique", il soutenait encore l'URSS qui, pour lui, était encore réformable de l'intérieur. 

Ante Ciliga, un communiste yougoslave, qui avait séjourné en URSS, publiera, en 1938, Au pays du grand mensonge, dans lequel il stigmatisera le stalinisme.

Enfin, en 1956, le monde, stupéfait, apprenait, lors du XXeme Congrès du PCUS, la réalité des crimes de Staline.

Le point commun de cette critique du stalinisme venant des milieux marxistes est la dissociation radicale entre stalinisme et léninisme, le premier n'étant qu'une déviation monstrueuse du second. Le stalinisme aurait consacré le "socialisme dans un seul pays" alors que Lénine était un fervent internationaliste, comme Trotsky. Staline, aurait incarné la bureaucratie parasite, alors qu'Illitch avait des tendances anti-buraucratiques. Enfin, le géorgien aurait forgé un régime policier, élevant la censure et la répression à un niveau jamais atteint, alors que Lénine avait une conception plus démocratique du régime soviétique. Certains trotskystes ont même fait de Staline l'agent du capitalisme alors que Lénine serait un authentique combattant du prolétariat !

Mais au-delà des discours et des justifications idéologiques, nous allons analyser les réalités de l'idéologie et de la pratique léniniste pour nous apercevoir que Staline s'est tout simplement servi des outils mis en place par Lénine pour faire sa politique.

 

I°) La conception du parti, chez Lénine.

 

En 1902, dans Que faire ?, Lénine précise sa définition du Parti bolchevik et quel sera son rôle. L'exergue dans la préface de son ouvrage est révélateur de sa conception du parti :

 

 

"...La lutte intérieure donne au parti la force et la vitalité : la preuve la plus grande de la faiblesse du parti, c'est son amorphisme et l'absence de frontières nettement délimitées;le parti se renforce en s'épurant..."
(Extrait d'une lettre de Lassalle à Marx, 24 juin 1852.)

 


a°) Un parti centralisé et hiérarchisé.

 

Pour Lénine, le parti, avant-garde du prolétariat, doit être composé de militants professionnels, capable de prendre le pouvoir quand les conditions socio-politiques le permettraient. En 1903, à Bruxelles et à Londres, lors du Congrès du PSODR, la scission entre bolcheviks, guidés par Lénine et mencheviks, dirigés par Martov, s'était déjà faite sur une question d'organisation du Parti, preuve de l'importance qu'Illitch donnait à ce point. Lénine défendait déjà l'idée d'un parti fermé et avant-gardiste, alors que Martov était partisan d'une organisation ouverte vers les autres institutions ouvrières, d'un parti de masse, à l'image de la social-démocrati allemande.

Très rapidement, la conception "ultra-centralisée" du parti bolchevik fut critiquée par des militants marxistes, comme Rosa Luxemburg, qui écrivit:


"Questions d'organisations de la social-démocratie russe"

 

, en 1904, pour stigmatiser la conception du parti par Lénine. On peut y lire :

 

"Le livre du camarade Lénine, l'un des dirigeants et militants les plus en vue de l'Iskra, Un pas en avant, deux pas en arrière, est l'exposé systématique des vues de la tendance ultracentraliste du parti russe. Ce point de vue, qui y est exprimé avec une vigueur et un esprit de conséquence sans pareil est celui d'un impitoyable centralisme posant comme principe, d'une part, la sélection et la constitution en corps séparé des révolutionnaires actifs et en vue, en face de la masse non organisée, quoique révolutionnaire, qui les entoure, et, d'autre part, une discipline sévère, au nom laquelle les centres dirigeants du parti interviennent directement et résolument dans toutes les affaires des organisations locales du parti. Qu'il suffise d'indiquer que, selon la thèse de Lénine, le comité central a par exemple le droit d'organiser tous les comités locaux du parti, et, par conséquent, de nommer les membres effectifs de toutes les organisations locales, de Genève à Liège et de Tomsk à Irkoutsk, d'imposer à chacune d'elles des statuts tout faits, de décider sans appel de leur dissolution et de leur reconstitution, de sorte que, enfin de compte, le comité central pourrait déterminer à sa guise la composition de la suprême instance du parti, du congrès. Ainsi, le comité central est l'unique noyau actif du parti, et tous les autres groupements ne sont que ses organes exécutifs."

 

Cette centralisation du Parti ira en s'accentuant avc notamment la création du Politburo, organe suprême du Comité Central du PCUS, en 1919, qui comprenait, à l'origine, 5 membres, qui étaient les dirigeants de fait du Parti.

Ce même Politburo, lors du Xeme Congrès du PCUS, en mars 1921, deviendra l'organe suprême du Parti, à la place du Comité Central, qui lui déléguera tous ses pouvoirs.

Staline s'est donc servi de cette hyper-centralisation du Parti, déjà effective sous Lénine, pour prendre le pouvoir aisément, puisqu'il lui suffisait d'être majoritaire au Politburo (composé de 7 membres en 1921), c'est à dire d'y faire rentrer ses créatures et d'éliminer ses opposants,  pour gouverner le Parti.

 

b°) Un parti "omniscient et omnipotent", avant-garde du prolétariat.

 

Cette expression de "comité central omnicisient et omniprésent" se trouve toujours sous la plume de Rosa Luxembourg. Pour Lénine, les membres du Parti connaissant les lois de l'histoire et donc du devenir historique, étaient à même de guider le prolétariat, qui pouvait avoir une conscience de ses intérêts immédiats (ou conscience tradunioniste), mais était incapable de s'élever à une conscience de classe qui devait, nécessairement, lui être apportée de l'extérieur.

Dépositaire de la vérité historique, les membres du Parti détenaient donc la vérité, et le Parti avait toujours raison comme le précisa un peu plus tard Trotsky, en 1924:

 

trotski trotsky

 


"Aucun de nous ne veut et ne peut discuter la volonté du Parti, car le Parti a toujours raison. On ne peut avoir raison qu'avec et par le Parti, car l'histoire n'a pas ouvert d'autres voies pour la raison".


 

c°) Le Xeme Congrès et l'interdiction des fractions.

 

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Dans sa pratique politique, Lénine a toujours accepté le dialogue contradictoire, ce qui n'était pas vraiment le cas de Staline. Toufefois, Charles Bettelheim note, dans Les luttes de classe en URSS, tome 1, Maspero/Seuil, 1974, page 354, que le Xeme Congrès du PCUS, en mars 1921, fut le dernier congrès à avoir été précédé d'un débat largement ouvert, pratique de la liberté d'expression qui disparaîtra ulérieurement. Il est vrai que Trotsky et Boukharine, partisans de la militarisation du travail et de la sujétion des syndicats au Parti et l'Opposition Ouvrière, adepte de la démocratie ouvrière, auront eu tout le loisir de s'exprimer, pendant le Congrès, mais aussi dans la Pravda.

 

Ce Congrès, qui se déroule en mars 1921, alors que la guerre civile se terminait sur les répressions des marins de Cronstadt et de la révolte paysanne dans le Tambov, va, avec la "résolution sur l'unité du Parti", interdire les fractions. Certes, Lénine avoua que cette interdiction était prise pour des raisons exceptionnelles, qu'un Bulletin de discussion présenterait les divergences au sein du Comité Central et qu'en cas de différents graves, des procédures de médiation seraient mises en place. Il n'en reste pas moins, comme l'avoue Charles Bettelheim, que c'est à partir de cette résolution que le débat idéologique, au sein du parti, va diminuer pour totalement disparaître, le fameux Bulletin de discussion prévu pour les opposants, n'ayant jamais été publié ! L'accusation de fractionnisme équivaudrait à l'hérésie, chez les catholiques !

L'interdiction des fractions dérivera vers la criminalisation des fractions, sous Staline, qui avec cette résolution disposa d'un puissant levier pour museler ses opposants.

Lénine n'avait certainement pas pensé aux conséquences funestes de cette résolution, mais certains bolcheviks avaient perçu la dangerosité de la nouvelle interdiction, notamment Karl Radek qui dira, plus tard, qu'il avait eu l'impression de se mettre la corde au cou, en votant cette résolution.

 

II.Une conception exclusive et monopolistique du pouvoir.

 

a°) De tout le pouvoir aux soviets à tout le pouvoir au Parti.

 

# Tout le pouvoir aux soviets, un slogan opportuniste.

 

Dans ses Thèses d'Avril, parues le 7 avril 1917, alors qu'il retournait d'exil, Lénine, dans son point 4, affirmait que "les soviets des députés ouvriers sont la seule forme possible de gouvernement révolutionnaire" et proclamait la "nécessité du passage de tout le pouvoir aux soviets des députés ouvriers".

Il réitérera son cri de "Tout le pouvoir aux soviets" en juillet 1917, alors que la journée du 4 juillet avait failli être un Octobre avant la lettre, échouant juste devant l'indécision des leaders bolcheviks. Après cet échec, certains dirigeants furent arrêtés, comme Trotsky et Lénine repartit en exil.

On peut s'étonner de cette nouvelle devise léniniste, lui qui s'est toujours méfié des assemblées élues et qui revendiquait, pour le seul militant du parti bolchevik, dépositaire de la "conscience de classe", la légitimité de guider le prolétariat. On peut sans hésitation affirmer que ce "tout le pouvoir aux soviets", était un cri opportuniste, pour rallier les citoyens au parti bolchevik, dans un contexte d'intense compétition pour le pouvoir.

 

L'Etat et la Révolution, que Lénine, sortira en septembre 1917, reste aussi un écrit opportuniste, dans ce même contexte très tendu de lutte pour le pouvoir. Il précisait que l'Etat bourgeois sera détruit pour laisser place à un Etat prolétarien qui prendra la forme de la Commune. Le pouvoir policier et militaire, leviers principaux de l'Etat bourgeois seront délégués au peuple en armes qui élira et révoquera ses représentants. Curieuse analyse anarchisante qui ne sera jamais réalisée, puisque c'est le Politburo du Parti bolchevik qui concentrera tous les pouvoirs et non les soviets et à fortiori le peuple !

 

 

# Pendre le pouvoir sans passer par le Soviet. 

 

Lors du coup d'état bolchevik, le 25 octobre 1917, Lénine a appliqué la devise ci-dessus. En effet, il aurait pu attendre le Congrès panrusse des Soviets prévu fin octobre 1917 pour renverser un gouvernement provisoire fantômatique et sans plus aucune légitimité. Mais Lénine a forcé le parti bolchevik à choisir le coup de force, dès le 10 octobre 1917, malgré l'opposition de Trotsky et de Kamenev, qui auraient préféré attendre l'adoubement par le Congrès des soviets, contrôlé par les bolcheviks depuis fin août 1917, ce qui aurait préservé une légitimité démocratique.Comme l'indique Trotsky, l'insurrection fut favorisée par la décision de Kerenski d'envoyer la garnison de Petrograd, trop bolchevisée à son goût, au front ! Ca sera la dernière erreur du chef du gouvernement provisoire.

Si Illitch opta pour l'insurrection, c'est, d'après Orlando Figes, qu'il ne voulait pas avoir à négocier et à gouverner avec les mencheviks ni avec les socialistes-révolutionnaires qui auraient été de la partie en cas de désignation du gouvernement par le soviet. Or, après le coup de force bolchevik du 25, le lendemain, pour protester, les socialistes-révolutionnaires et les mencheviks ont quitté le Congrès, en signe de protestation, laissant les mains libres à Lénine.

 

lenin lenine illitch illich urss

 


 

# La prise de pouvoir du Parti et la marginalisation des soviets.

 

Dès le lendemain de sa prise de pouvoir, le Sovnarkom ou Conseil des Commissaires du Peuple, constitué uniquement de bolcheviks, est en concurrence avec le V.Ts.I.K. acronyme du Comité Central exécutif panrusse des soviets, qui est, juridiquement parlant, l'organe suprême du pouvoir, en tant qu'émanation du Congrès des Soviets. En droit, le Sovnarkom est soumis au V.Ts.I.K comme le consacrera la première Constitution soviétique de juillet 1918. Dans la pratique, c'est le contraire qui s'est réalisé. En effet, dès le 30 octobre 1917, le Sovnarkom publie un décret par lequel il s'accorde le monopole du pouvoir législatif.(cf Charles Bettelheim, La lutte des classes en URSS, 1917-1923, tome 1, Maspero/Seuil, 1974, page 92).

La Constitution de 1918, malgré le primat théorique du V.Ts.I.K sur le Sovnarkom, ne changera pas la pratique, le Comité exécutif des soviets devenant un organe de ratification des décisons prises par le Conseil des Commissaires du Peuple, c'est à dire du Politburo du parti Bolchevik.

D'ailleurs, au VIIIeme Congrès du PCUS en mars 1919, Timofeï Sapronov et Nicolas Ossinski proposent de réhabiliter le rôle des soviets, devenus, d'après eux, de simples organes de ratification, mais leur demande est rejetée.

Dans ce cadre, Staline ne changera pas la pratique du primat du parti sur le soviet.

 

b°) De l'élection de l'Assemblée Constituante à sa dissolution par les bolcheviks.

 

# L'Assemblée Constituante, une illusion ?

 

Veritable mythe pour les sociaux-démocrates, l'élection de l'Assemblée Constituante concentrait toutes les énergies révolutionnaires. Dans ses Thèses d'Avril, Lénine critiquait le gouvernement provisoire qui était accusé de ne pas préparer les élections pour élire cette Constituante.

Mais Lénine, dès juillet 1917, parlait d'illustions constitutionnelles et subordonnait l'élection de la future Assemblée Constituante, à une nouvelle révolution prolétarienne. Mais surtout, dans ce même texte, Lénine dévoilait un peu plus sa conception du pouvoir, qui n'etait pas de tenir compte de la "volonté de la majorité", mais de vaincre au moment décisif  comme il le disait, dans Les illusions consititutionnelles :

 


"Continuons. La révolution se distingue précisément de la situation « normale » des affaires de l'Etat en ce que les questions litigieuses de la vie publique sont tranchées directement par la lutte des classes et par une lutte des masses qui va jusqu'au recours aux armes. Il ne peut en être autrement, puisque les masses sont libres et armées. Il résulte de ce fait essentiel qu'il ne suffit pas, en période révolutionnaire, de connaître la « volonté de la majorité » ; non, il faut être le plus fort, au moment décisif et à l'endroit décisif ; il faut vaincre.".

 

# Election et dissolution l'Assemblée Constituante.

 

Malgré les prévenances de Lénine sur l'élection d'une Assemblée Constituante, comme l'avait montré, déjà, son texte sur les illustions constitutionnelles,  les bolcheviks, qui avaient critiqué le gouvernement provisoire pour son attentisme, se sentent moralement obligés d'organiser ces élections qui auront lieu en novembre 1917. La participation est importante, près de 60 % du corps électoral. Sur  703 sièges, les bolcheviks en obtiennent 168 alors que les SR en remportent 299, dont 39 au SR de gauche, seul allié des bolcheviks. Les résultats de cette élection reflètent la nature paysanne de la Russie, avec des campagnes où les SR sont mieux implantées que les bolcheviks. La classe ouvrière, acquise à ces derniers est encore numériquement trop faible face à une paysannerie majoritaire.

Ne possédant pas la majorité dans la nouvelle Assemblée Constituante, Lénine va la déligitimer dès le mois suivant, en décembre 1917, dans ses Thèses sur l'Assemblée Constituante. Dans le point 18 de ses thèses, Lénine demandait de nouvelles élections et une reconnaissance du pouvoir des soviets par la nouvelle Assemblée élue.  

Il est évident que le Conseil des commissaires du peuple bolchevik ne pouvait accepter une assemblée constituante aux mains des SR et des Mencheviks. Aussi, lors de la réunion de l'Assemblée Constituante, le 5 janvier 1918, présidée par le SR Viktor Tchernov, celle-ci fut dissoute peu après par des tchekistes envoyés par le pouvoir bolchevik. 

Lénine, le 6 janvier,  justifia cette dissolution pour sauver la révolution prolétarienne, en accusant les SR de collusion avec la bourgeoisie.

 

Cette dissolution reflétait la nature du parti bolchevik qui se voulait le seul dépositaire de l'expression politique. Tous les partis furent tour à tour interdits. Les partis de droite, le furent dès 1917, ceux de gauche dans l'année 1918.

 


# Krontsadt ou le chant du cygne des anarchistes.

 

En mars 1921, alors que le Xeme Congrès du PCUS va bientôt voter l'interdiction des fractions, les marins de la base navale de Kronstadt se révoltent contre le pouvoir bolchevik en demandant la fin de la dictature du parti bolchevik, et le retour du pouvoir aux soviets. Il réclame aussi la libreté de réunion et la liberté de la presse.

Le 5 mars, Lénine fit rejeter les demandes du soviet de Kronstadt, accusant celui-ci d'être à la solde des forces réactionnaires et contre-révolutionnaires et duex jours après, des opérations militaires contre la base navale commençèrent. 10 jours plus tard, après d'âpres combats, l'armée rouge réinvestit la place. Il y aura des milliers d'exécutions et de déportations des marins et de leurs familles.

Lorsque Staline fut élu secrétaire général du PCUS en 1922, ce dernier était le seul parti de l'échiquier politique soviétique. 

 

III.Etatisation et bureaucratisation.

 

a°) De l'élection à la nomination des fonctionnaires.

 

# Les Thèses d'Avril : Election et révocation.

 

Dans ses Thèses d'Avril, au point 5, Lénine déclarait:

 

 

 "Non pas une république parlementaire, - y retourner après les Soviets des députés ouvriers serait un pas en arrière, - mais une république des Soviets de députés ouvriers, salariés agricoles et paysans dans le pays tout entier, de la base au sommet.

Suppression de la police, de l'armée  et du corps des fonctionnaires.

Le traitement des fonctionnaires, élus et révocables à tout moment, ne doit pas excéder le salaire moyen d'un bon  ouvrier".

 

ce qui promettait une dés-étatisation de la société.

Cette thèse quasi-anarchisante, en rupture avec les écrits précédents de Lénine, que l'on peut expliquer comme un discours opportuniste en vue de la prise de pouvoir par les bolcheviks, sera réitérée dans L'Etat et la Révolution, en septembre 1917. Ilitch dit que l'Etat prendra la forme de la Commune, en référence, évidemment à la Commune de Paris, geste mythique dans l'imaginaire social-démocrate, mais qui n'a pas vraiment de sens pratique.

 

# Nomination et contrôle du centre.

 

Alors que l'anarchie gagne et que l'autorité de l'Etat se dissout, le 3 mars 1918, le VNSKh, l'organisme gérant la planification économique, que c'est l'administration centrale qui nommera les directeurs technique et admnistratif des unités de production, épaulés par un commissaire politique.

Au niveau quantitatif, le nombre de fonctionnaires passera de 576 000 à 2,4 millions de 1917 à 1921 (cf Orlando Figes, La révolution russe, page 845).

 

b°) Le parti et les syndicats.

 

# Des syndicats autonomes, en théorie.

 

Au VIIIeme Congrès du PCUS, en mars 1919, le point 5 du volet économique, voté par les délégués, déclare que "les syndicats doivent participer activement à la gestion économique". Charles Bettelheim précise (cf.p.345) que ce point là n'eut jamais eu de suite, dans la pratique productive et que les partisans de ce point 5, seront taxés, plus tard, de "déformation syndicaliste".

Malgré tout, cette disposition favorable aux syndicats allait générer, durant deux ans, des discussions au sein du parti bolchevik quant aux rôles des syndicats.


 # Trotsky et la militarisation du Travail.

 

Au 9eme Congrès du PCUS, en mars-avril 1820, Trotsky et Boukharine vont défendre le principe de la "militarisation du travail" et de la sujétion totale des syndicats au Parti. Les ouvriers devaient être considérés comme des soldats et tout absentésime devait être traité comme une désertion devant l'ennemi. 

 

# L'Opposition Ouvrière.

 

Regroupée autour de Chliapnikov et d'Alexandra Kollontaï, cette tendance veut réactiver le point 5 du chapitre économique voté lors du VIIIeme Congrès, mais resté depuis lettre morte ! L'opposition ouvrière voulait que les comités d'ouvriers, dans les usines, puissent contrôler la production, à la place de bureaucrates nommés par le centre.

 

Lénine fit repousser la ligne Trotsky et celle de l'Opposition Ouvrière, pour adopter une résolution de compromis. Mais, encore une fois, le principe électif fut battu en brèche et les nominations par le parti, la norme.

Staline garda cette pratique de nominations et la perfectionna. 

 


IV. La position de Lénine face au monde paysan.

 

# La révolution prolétarienne impossible en Russie ?

 

Toute la problématique de la révolution bolchevik en Russie, c'est qu'elle se déroule dans un pays arriéré impropre à une révolution de type prolétarienne comme l'avait noté Rosa Luxembourg et Karl Kautsky. Pour le "pape du marxisme", une révolution marxiste en Russie était une véritable hérésie car ce pays n'avait pas connu une certaine accumulation du capital et n'avait pas été caractérisé par une transition d'économie bourgeoise nécessaire pour atteindre la phase socialiste. C'est ce qu'il exprimait dans ce texte de 1922: "Rosa Luxemburg et le bolchevisme".

 

# Les Thèses d'avril et le décret sur la Terre.

 

Depuis la révolution de février 1917, les paysans ont commencé à se partager la Terre en expropriant de force, les grands propriétaires terriens. L'entrée du SR Viktor Tchernov dans le gouvernement provisoire, début mai, fit accélérer cette révolution paysanne qui était pilotée par le "mir".

Lénine, lorsqu'il revint d'exil, exprima, dans ses Thèses d'Avril, dans son point 6, son désir de "nationaliser toutes les terres dans le pays et leur gestion faite par les soviets locaux de députés et de salariés agricoles". "Transformation de tout grand domaine (de 100 à 300 hectares) en une exploitation modèle " placée sous le contrôle des soviets locaux. Implicitement, Illitch annonçait ce que serait la future politique de l'état prolétarien envers la propriété agricole.

Juste après le coup de force bolchevik, le 26 octobre, fut édité le "décret sur la Terre", qui réitèrait la fin de la grande propriété foncière, et donnait aux comités et soviets locaux la responsabilité de la réforme agraire, jusqu'à l'élection de la prochaine Assemblée Constituante. En fait, Lénine actait le partage, déjà réalisé, par les paysans, par le biais de la communauté villageoise, des grandes propriétés foncières, n'ayant pas les moyens de contrer ce "partage noir" dans un contexte d'anarchie et d'effondrement de l'autorité de l'Etat.

Si le décret sur la Terre rallie aux bolcheviks les paysans, il va créer, aussi, des millions de petits propriétaires qui résisteront, plus tard, au désir de Lénine de collectivister la Terre.

D'ailleurs, devant la majorité SR à l'Assemblée Constituante, qui reflétait la sociologie paysanne de la Russie profonde, Lénine va inciter le moujik à frapper le propriétaire terrain et le koulak, ennemi irréductible de la révolution d'Octobre.


 

# La bataille du grain, l'offensive lancée contre la paysannerie.

 

Début 1918, les villes soviétiques, mal ravitaillées, se meurent de faim. Les réseaux de distribution et de production s'étant effondrés, les villes n'ont rien à donner aux paysans contre leur surplus de blé, et ce dernier préfère stocker son grain en vue de jours meilleurs. Les bolcheviks vont alors décider, le 09 mai 1918, que tous les excédents de grains seront propriété de l'Etat, déclarant implicitement la guerre aux koulaks et aux besaciers. Le 11 juin 1918, un décret précisait la création des Kombedy, ou Comités de paysans pauvres, censés exporter la lutte des classes à la campagne et aider le pouvoir soviétique en débusquant le koulak. Quelques semaines après, Lénine fera un féroce discours contre les koulaks, ennemis irréductibles de la révolution :

 

"Les koulaks sont les ennemis enragés du gouvernement soviétique. […] Ces vampires se sont enrichis sur la faim du peuple. […] Ces araignées se sont engraissées aux des paysans ruinés par la guerre, aux dépens des ouvriers. Ces sangsues ont sucé le sang des travailleurs et se sont enrichies alors que les ouvriers des villes et des usines mouraient de faim. […] Guerre implacable aux koulaks ! Tous à mort." .

 

Des brigades alimentaires écumaient les campagnes, habilitées à occuper les villages, à confisquer le grain, avec des méthodes dignes de la police tsariste, selon le commissaire du peuple à l'approvisionnement, Tsiouroupa. Le pillage, les viols, les exécutions sommaires furent légions et en juillet-août 1918, plus de 200 soulèvements paysans furent notés, contre ces brigades alimentaires. Cette guerre contre la paysannerie relança la guerre civile qui était inexistante, après la défaite des maigres troupes de Denikhine, fin décembre-début 1918 que Roman Goul narra dans la Campagne des glaces. 

Cette guerre contre la paysannerie fut contre-productive, comme le précise Charles Bettelheim, car la majorité des moujiks était des paysans moyens, depuis le partage des terres.

 

En 1919 96,8 % des terres étaient cultivées par des paysans travaillant individuellement, 2,7 % étaient cultivées par des fermes d'Etat, et 0,5 % par des coopératives. La réforme agraire, d'après Charles Bettelheim, avait donc bien eu un cartactère démocratique mais pas socialiste !

En définitive, l'offensive que Staline lancera contre la paysannerie, en 1930, avec la collectivisation des Terres, s'inscrit dans une logique léniniste, commencée dès juin 1918, mais stoppée par Illitch, sous la pression des événements. De toute manière, dans un pays majoritairement paysan, l'industrialisation ne pouvait se faire que sur le dos des moujiks, puisqu'obtenir des devises étrangères ne pouvait se faire qu'en vendant des produits agricoles et notamment des céréales, à l'étranger.

 

V. La mise en place d'un régime policier, agent de la Terreur rouge.

 

Il est évident que dans le contexte d'anarchie ambiante, après la prise de pouvoir des bolcheviks, en octobre 1917 et face aux dangers qui guettent le nouveau pouvoir, la création d'une force de police et d'une armée étaient vitales. Mais nous allons voir que les pouvoirs extraordinaires de la nouvelle police, si ils pouvaient justifiés pendant la gurre civile, ne l'étaient plus vraiment, cette dernière gagnée.

 

a°) De la Tcheka à l'OGPU.

 

# La Tcheka, un organisme aux pouvoirs extra-judiciaires.

 

La Tcheka a été créée le 7 décembre 1917, est l'acronyme, en russe, de "Commission extraordinaire panrusse pour la répression de la contre-révolution et du sabotage". Il n'y eut aucun décret pour rendre compte de la création de la Tcheka, et c'est Félix Dzerjinski qui fut nommé à sa tête.

A l'origine, ce fut donc une structure exceptionnelle, nécessaire le temps de la guerre civile. Si on revient aux Thèses d'Avril , Lénine y affirmait, dans son point 5, la suppression de la police et de l'armée.

Mais dans un contexte de guerre civile et d'anarchie, la création de cette police chargée de traquer les ennemis de l'intérieur, semblait inéluctable et souhaitable.

De 30 000 tchekistes, fin décembre 1917, à 210 000 en 1921 (à comparer au 13 407 agents de l'Okhrana tsariste en 1912) la Tcheka a connu une inflation de ses effectifs exponentielle pendant la durée de la guerre civile.

D'après Nicolas Werth, les effectifs de la Tcheka vont nettement décroître, avec la fin de la guerre civile, de 210 000 en 1921 à 115 000 fin 1922.

La suppression de la police proposé par Lénine dans ses Thèses d'Avril s'est transfromée en une augmentation sans précédent des effectifs policiers, avec une bureaucratie policière qui va survivre à Illitch et qui allait être le pivot du régime soviétique.

 

# L'OGPU, une bureaucratie policière.

 

Le 6 février 1922, le GPU remplace la Tcheka, renommé OGPU en novembre 1923, placée sous l'autorité directe du Conseil des Commissaire du Peuple.

Le 9 octobre 1924, Gregory Sokolnikov proposait de diminuer le budget et les effectifs de l'OGPU. D'autres bolcheviks, comme Boukharine ou le Commissaire du Peuple à la Justice, Nicolas Krylenko ou le Commissaire du Peuple aux Affaires Etrangères,  se plaignaient des pouvoirs extra-judiciaires de l'OGPU, qui pouvait arrêter et condamner à mort les citoyens soviétiques sans forme de procès. Or, Dzerjinski, soutenu par le rusé Staline, va réussir à préserver ses pouvoirs discrétionnaires, faisant de l'OGPU une administration ne relevant d'aucune loi et uniquement responsable devant le Sovnarkom, donc potentiellement à la botte d'un futur dictateur !

 

b°) La guerre civile : Terreur blanche contre Terreur rouge.

 

# Guerre à mort aux riches.

 

 Dès décembre 1917, dans "Comment organiser l'émulation ?", Lénine proclamait :

  "Pas de quartier pour ces ennemis du peuple, ces ennemis du socialisme, ces ennemis des travailleurs. Guerre à mort aux riches et à leurs pique-assiette, les intellectuels bourgeois ; guerre aux filous, aux fainéants et aux voyous."

 

Or, à cette époque, la seule résistance blanche se trouve sur le Don, avec la petite armée des Volontaires de Kornilov puis de Denikhine, qui sera vite isolée.

 Le SR de gauche, Steinberg, à la Commissaire du Peuple à la Justice, lorsqu'il découvrit, en février 1918, le décret sur "la patrie socialiste en danger" et son point 8:

 


"Les agents de l’ennemi, les trafiquants, les pillards, les voyous, les agitateurs contre-révolutionnaires, les espions allemands, pris sur le fait, doivent être fusillés.".


alla se plaindre chez Lénine sur l'utilité de son Ministère qu'il faudrait appeler :

"Ministère de l'Extermination sociale".

 

Illitch lui répondit que c'était la bonne appelation mais qu'on ne pouvait le dire !!

 

En 1920, Trotsky, dans Terrorisme et communisme légitimera le recours à la Terreur d'Etat.

 

# La Terreur rouge.

 

Elle s'opposa à la Terreur blanche, non moins atroce, et fut formalisée dans un décret du 5 septembre 1918, du Sovnarkom, intitulé "Sur la terreur rouge".

Cette Terreur fut la matrice des futures pratiques policières staliniennes.

 

# Le Goulag.

 

Dès janvier 1918, il est décidé d'arrêter les ennemis du peuple qui seront envoyés, après la paix de Brest-Litovsk, dans les anciens camps de prisonniers de guerre. La notion d'ennemi du peuple, peu précise, donne au pouvoir soviétique une lattitude importante qui fait de chaque citoyen soviétique, un "ennemi du peuple" en puissance.

Le 15 avril 1919, le décret n°45, Au sujet des camps de travaux forcés, paraît dans les Izvetsia.

c°) La radicalité des moyens tuerait-elle les fins ?

 

Le communisme de guerre et la guerre civile ont violenté profondément la société russe et s'est traduit par une inflation des organes de sécurité qui agissait comme "un Etat dans l'Etat". Le pouvoir extra-judiciaire dont ils bénéficiaient, pendant la guerre civile, s'est pérennisé après la fin de celle-ci, faisant de l'OGPU un organisme tout puissant, ayant un pouvoir de droit et de mort sur chaque citoyen soviétique. 

Les pratiques violentes, légitimes pour sauver la révolution d'octobre, ont continué, après la victoire définitive des bolcheviks, et ont été instrumentalisées par Staline pour contrôler le pouvoir soviétique. Le dictateur géorgien a trouvé, dès son accession au pouvoir, à la fin des années 20, tous les leviers répressifs déjà opérationnels sous Lénine et il s'est surtout servi de l'interdiction des fractions, votée au Xeme Congrès, en mars 1921, sous l'impuslion d'Illitch, pour immoler l'ancienne garde bolchevique. 

Staline n'a donc pas inventé un nouveau système, il a simplement perfectionné celui forgé par Lénine, en y ajoutant sa paranoïa extrême.

 


 

 


 



 

 

 

 


 

 


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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 15:59

 

 

 

 

DOCUMENTAIRE

 

Apocalypse de Daniel Costelle, 2009.

 

La seconde guerre mondiale en couleurs, narrée par Mathieu Kassovitz.

 

 


 

 

 

De Nuremberg à Nuremberg, de Frédéric Rossif, 1989.  

 

L'ascension et la chute d'Adolf Hitler.  

 

 


 

 

Mourir à Madrid, de Frédéric Rossif, 1963.

 

Magnifique documentaire, à partir d'images d'archive, sur la guerre d'Espagne.

 

 

 

 

 

 

FILM HISTORIQUE

Seconde guerre mondiale

Croix de fer de Sam Peckinpah, 1977.

Le front de l'Est vu du côté allemand.


Il faut sauver le soldat Ryan, de Steven Spielberg, 1998.
Le débarquement en Normandie vu par Spielberg. Impressionnant de réalisme !
Requiem pour un massacre d'Elem Klimov, 1984.

Film soviétique d'une violence inouïe sur les exactions des SS en Biélorussie. Stupéfiant !


Stalingrad de Jean-Jacques Annaud, 2001.

L'adaptation du livre Enemy at the gates de William Craig ou la bataille de Stalingrad vue au travers d'un duel de tireurs d'élite. Des scènes spectaculaires !


VIET-NAM

Apocalypse Now, de Francis Ford Coppola, 1978.

Un film fleuve qui est resté célèbre pour la scène d'attaque par les hélicoptères sur la musique de Wagner.

Voyage au bout de l'enfer de Michael Cimino, 1978.

Les conséquences de la guerre du Viet-Nam sur une petite communauté russophone, aux USA, avec une bande d'amis qui sera marquée à vie par ce conflit.

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11 mars 2011 5 11 /03 /mars /2011 16:23

Programme de Terminale Bac Pro en Histoire-Géographie :

 

BO n°2 du du 19 février 2009.

 

Histoire:

 

 1°) Les Etats-Unis et le Monde (1917-1989):


- Les fondements de la puissance américaine.

 

- Les USA et les deux guerres mondiales.

 

- L'année 1942, le tournant de la guerre.


- Le Plan Marshall et le début de la guerre froide.

 

2°) L'idée d'Europe au XXeme siècle.

 

3°) La décolonisation de l'Inde et de l'Algérie.

 

4°) La fin d'un monde bipolaire (1991-2011)

 

- La fin de l'URSS.

 

- Les attentats du 11 septembre 2001.

 

Géographie:

 

1°) La France dans l'UE et dans le monde :

 

- La France, une puissance européenne et mondiale.

 

2°) L'Union européenne.

 

 

Education Civique:

 

- L'ONU.

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29 janvier 2011 6 29 /01 /janvier /2011 17:40

Le programme d'Histoire-Géographie et d'Education Civique pour le Brevet des Collèges, à la fin de la 3eme.

 

Histoire:

Guerres mondiales et régimes totalitaires.

- Les causes de la première guerre mondiale.

- La première guerre mondiale.

- L'Etat stalinien.

- L'Etat nazi.

- 1942, le tournant de la guerre.

- La seconde guerre mondiale.

 

Testez vos connaissances en répondant à ces QUIZZ:

 

- Les causes de la première guerre mondiale.

- La première guerre mondiale.

- Le régime de Vichy et la collaboration.

- Le plan Marshall et les débuts de la guerre froide.

- La seconde guerre mondiale.

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14 juin 2010 1 14 /06 /juin /2010 09:56

Chine

 

 

1°) Les caractéristiques géographique et démographique de la puissance.

 

a°) Les ressources naturelles.

 

Avec 9, 6 millions de km2, la Chine est le troisième plus grand pays au monde, en superficie,  derrière la Russie et le Canada.

La Chine possède sur son vaste territoire d'une large gamme de gisements minéraux. Elle dispose de la 3eme réserve de charbon au monde, le charbon, qui constitue, la première source d'énérgie pour l'économie chinoise, avec près de 40 % de la consommation mondiale.

Elle est aussi le 3eme pays producteur de fer, derrière le Brésil et l'Australie, avec 15 % de la population mondiale.

 

b°) Une démographie difficilement maîtrisée.

 

Avec 1,36 milliards d'individus, la Chine, pays le plus peuplé du monde. La politique de l'enfant unique, pour limiter la croissance de la population chinoise, a été mise en place par les autorités.

 

2°) L'économie chinoise :la naissance d'un géant économique.

 

a°) Du socialisme au capitalisme.

 

Le système économique chinois, à l'origine socialiste, à la mort de Mao Zedong, en 1976,  

andy-warhols-mao.jpg

(Mao, par Andy Warhol)

 

sous l'impulsion de Deng Xiaoping, s'ouvre à l'économie de marché et sera définitivement intégrée à l'économie mondiale par son adhésion, en 2002, à l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), qui régule les pratiques des acteurs économiques dans le monde.

Aujourd'hui, même si la Chine est toujours gouvernée par le parti communiste, parti unique, celui-ci a abandonné ses principes socialistes en permettant à l'économie de faire appel à des capitaux privés. Le dynamisme de la mégalopole de Shangaï, illustre cette transformation d'une économie socialiste à une économie de type capitaliste.

 

shangai-looping-bridge.jpg

 (Shangai by night).

 

b°) La première agriculture du monde.

 

L'agriculture en Chine fait travailler 300 millions de personnes, et est la première du monde. Ses productions principales sont le riz, les céréales, le porc et la pêche.

 

riz-production-chine.gif

 

 (Production de riz dans le monde, IND 2008).

 

Mais elle doit nourrir sa nombreuse population, en utilisant seulement 10 % des terres disponibles, aussi, exporte-t-elle peu sa production agricole.

 

c°) Une industrie en plein boom.

 

La Chine, grâce à sa main d'oeuvre bon marché, sa situation politique stable, et son bon niveau d'infrastructures, attire les investisseurs du monde entier, désireux de produire, pour l'Occident, des produits à bon marché. L'industrie automobile mondiale, s'est largement délocalisée en Chine, pour bénéficier des atouts chinois, pour essayer de prendre des parts de marché sur le marché chinois émergent, qui est devenu le 1er marché de l'automobile dans le monde depuis 2009, et pour réexporter leur production à bas coût vers les pays de la Triade (Japon, USA, Europe). Depuis 2009, la Chine est le deuxième producteur mondial d'automobiles, industrie qui n'existait quasiment pas il y a 10 ans !!

 

 

Production de voitures particulières dans le monde, en 2008.

 

voiture-car-production-2008-copie-1.jpg

 

 

 Mais c'est dans tous les secteurs industriels que la Chine a progressé, et, par exemple, 70 % des jouets vendus dans le monde étaient produits en Chine, en 2001.

 

production-chine.JPG

 (Source: Banque Mondiale, 2001).

 

 

 d°) Une puissance financière.

 

En 2007, les réserves de change chinoises étaient de 1 400 milliards de $, somme gigantesque due à une épargne chinoise très forte. L'épargne chinoise finance le déficit américain, en achetant des Bons du Trésor américains, et en devenant le premier financier des USA, en 2008, juste devant le Japon.

 

Mao-Dollar.jpg

 

Aussi, la Chine est devenue, en une vingtaine d'années, un partenaire incontournable des USA.

Désireuse d'alimenter sa croissance, la Chine investit massivement dans de nombreux pays dans le monde, notamment en Afrique

 

Investissement financier chinois en Afrique, en 2005 :

 

afrique-chine.gif

 

 

 et en Asie Centrale. Premier investisseur au Turkmenistan, un gigantesque gazoduc a été crée, qui passera par le Kazakhztan et l'Ouzbekhistan pour alimenter l'Empire du Milieu en gaz.

 

3°) Une puissance politique et militaire.

 

 

La Chine dispose d'un siège au Conseil de Sécurité de l'ONU, avec les USA, la Russie, la France et la Grande-Bretagne.

Pays nucléaire, la Chine avec une armée de près 2,5 millions de soldat, dispose du 2eme budget mondial de la Défense, loin derrière les USA. De 1999 à 2008, le budget de la défense chinois a augmenté de 194 % !

 

Des tensions très fortes existent avec l'île de Taïwan, qui fut le refuge pour les forces nationalistes chinoises de Tchang-Kaï-Chek, en 1949, après la victoire sur le continent des forces communistes de Mao, et, même aujourd'hui, la Chine Populaire revendique l'île comme faisant partie de son territoire nationale, ce que rejette le gouvernement taïwanais.

 

taiwan-taipeh-chine.jpg

 

De même, la Chine et la Corée du Nord, son turbulent voisin, ont un traité d'assistance mutuelle, depuis 1961, e tla politique de la Corée du Nord, qui veut la bombe nucélaire, créée des tensions avec le Japon.

 

Mais la Chine fait des efforts et essaie d'acquérir une certaine respectabilité, d'où, notamment les JO de Pékin, en 2008.

 

article_JO_Pekin_fr.jpg

 

4°) Limite et problème de la croissance chinoise.

 

a°) Le problème démographique.

 

Si la croissance chinoise connaît un dynamisme sans précédent, notamment sur les littoraux, certaines régions, de l'intérieur, notamment, restent à la traîne. Ce différentiel de développement entraîne des migrations internes vers les zones dynamiques, comme Shangai et génère toute une série de problème dans les villes, qui ne peuvent suivre au niveau des infrastructures et débouchent par une augmentation de la délinquance.

 

b°) L'absence de droits de l'homme et la peine de mort.

 

La Chine est encore un pays dirigé par le parti communiste, parti unique, véritable oligarchie , qui ne permet aucune opposition politique externe. Les révoltes contre le régime, comme celle de la place Tienanmen, à Pékin, en 1989, ont été réprimées dans le sang !

 

tian-an-men.jpg

 

Si le régime fait des concessions, depuis le formidable développement économique, pour devenir respectable au niveau international, il n'en reste pas moins que les libertés publiques sont sévèrement contrôlées et que la Chine reste le premier pays au niveau des exécutions capitales, loin devant tout le monde.

 

peine-de-mort.jpg

 

 Les estimations de l'association non gouvernement Hands off Cain, sont d'environ 5 000 exécutions, en Chine, en 2008.

 

c°) Les mouvements séparatistes.

 

 

De même, certaines régions à la périphérie de l'Empire, comme le Xinjiang ou le Tibet, connaissent des mouvements sépratistes qui remettent en cause la tutelle de Pékin, donnant lieu à des répressions féroces de la part du pouvoir central, comme au Tibet, en 2008, ou au Xinjiang, en 2009, contre la minorité ouighour.

Le Dalaï-Lama, chef  du gouvernement tibétain, a été obligé de s'exiler après l'invasion chinois du Tibet, en 1950.

 

dalai-lama.jpg

 

d°) Les inégalités de revenus et les révoltes sociales.

 

De même, la réintroduction de l'économie de marché, dans les années 80, a généré des inégalités de revenus presque insupportables, entre un peuple de sans-grades, corvéable à merci dans des usines-ateliers, sans aucun droit. On constate, d'ailleurs, une recrudescence des mouvements sociaux depuis quelques années, phénomène inédit, en Chine, qui illustrerait la colère grandissante des travailleurs chinois contre leur mauvaise condition de travail. 

Les inégalités grandissantes, en Chine, conjuguées à des migrations internes non maîtrisées des campagnes vers les villes, pourraient déboucher sur une situation socialement explosive !

 

 

 

e°) Les conséquences écologiques de la croissance.

 

L'industrialisation à outrance et l'utilisation massive du charbon, extrêmement polluant, comme source première d'énergie, ont généré une pollution massive !

 

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Chaque année, la pollution atmosphérique cause des centaines de milliers de morts, en Chine, 750 000, selon un rapport de la Banque Mondiale.

Et, depuis 2006, la Chine est devenue le plus gros émetteur de CO2, un gaz à effet de serre, devant les USA.

De même, le problème de l'eau potable va devenir crucial, à moyen terme. Avec près de 22 % de la population mondiale et moins de 7 % des réserves d'eau douce, la Chine va devoir faire à un défi majeur, au XXIeme siècle, celui d'alimenter son immense population et son agriculture en eau potable !

 

 

Conclusion:

 

Si la Chine a toutes les caractéristiques d'une grande puissance mondiale, si elle est le pays-atelier du monde et qu'elle connaît une croissance à deux chiffres, qui en fait la zone économique la plus dynamique de la planète, il n'en reste pas moins que cette croissance subite et débridée provoquent des problèmes intérieurs non négligeables, avec des tensions sociales très fortes ainsi qu'un impact écologique négatif.

De même, au niveau mondial, la Chine investit énormément dans certaines zones géographiques, comme l'Asie Centrale et l'Afrique, ce qui lui attire une certaine impopularité parmi les populations locales, voir notamment les dernières émeutes anti-chinoises en Algérie.

Aussi, la Chine va être confrontée à des défis majeurs, à moyen terme, comme éviter une explosion sociale nourrie par les inégalités sociales et les migrations internes, ainsi que gérer sa nouvelle puissance mondiale, qui va, nécessairement, lui attirer des résistances.

 

Un petit QUIZZ sur la Chine, pour vérifier vos connaissances.

 

Voyez l'homme de Tiananmen qui fit reculer les tanks, en 1989 !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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13 juin 2010 7 13 /06 /juin /2010 18:58

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Bibliographe:

 

Staline, l'ordre par la terreur d'Hélène Carrère d'Encausse, Flammarion, 1999.

 

 

 

 

 

 

1°) Staline, continuateur de Lénine ?

 

a°) Lénine, le père de la révolution bolchevique.

 

En octobre 1917, le parti bolchevique, emmené par son leader, Vladimir Illitch Lénine,

 

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prend le pouvoir en Russie, alors que le pays sombre dans l'anarchie ! Les soldats sur le font allemand, désertent en masse et les paysans se révoltent, Moscou ne répond plus ! C'est dans cette situation chaotique que le très organisé parti bolchevique prend le pouvoir, étant confronté, tout de suite, à des défis colossaux ! Lénine réussit à faire la paix avec les allemands, en 1918, lors du Traité de Brest-Litovsk et décide de donner la Terre aux paysans. Mais des généraux fidèles au tsar, refuse le nouvel ordre léniniste et s'attaquent à au régime bolchevique. Pendant plus de 2 ans, la Russie sera rongée par une guerre civile qui fera des centaines de milliers de morts !

 

b°) La mort de Lénine et la lutte pour le pouvoir.

 

En 1924, Lénine meurt, et sa succession à la tête du Parti Bolchevique va déchaîner les passions. Deux hommes vont s'affronter, Trotsky, le chef de l'armée rouge,

 

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 et Staline, le secrétaire du Parti.

 

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Rapidement, Staline va réussir à écarter Trotsky du pouvoir et va même le faire partir d'URSS.

 

2°) L'état stalinien, un Etat totalitaire.

 

a°) Le PCUS, parti communiste d'URSS, seul parti autorisé.

 

Le Parti communiste est un parti unique, tous les autres partis ont été interdits du temps de Lénine.

 

b°) Le NKVD, police politique au service de Staline.

 

Le NKVD, est une police politique qui traque les opposants au régime de Staline. Les opposants, réels ou imaginaires, sont envoyés dans des camps de travail, au Goulag, en Sibérie ou exécutés.

 

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La Grande Terreur, dans les années 30, fait disparaître des centaines de milliers de soviétiques.

Staline en profite pour éliminer ses potentiels concurrents, les vieux compagnons de Lénine qui risquaient de lui faire de l'ombre. Ce seront les macabres procès de Moscou, en 1936 et 1938, où les accusés s'accusent de crimes imaginaires sous l'emprise de la torture.

 

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c°) Le contrôle de la population.

 

Tous les jeunes soviétiques doivent passer par le Komsomol, organisation de jeunesse qui vante le régime de Staline.

 

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De plus, un passeport intérieur est obligatoire pour surveiller les déplacements des citoyens soviétiques.

 

d°) Propagande et censure.

 

Les films, les émissions de radio, les livres, sont surveillés par le pouvoir en place, l'art, doit se faire le relai du message stalinien et vanter les idéaux du régime. En peinture, ça sera le mouvement du "Réalisme soviétique", qui devait mettre en scène le travail ouvrier.

 

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L'histoire est revisitée et des personnages historiques, qui furent éliminés par Staline, sont même éliminés des photos !!

 

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Même les scientifiques seront mis au pas, et Lyssenko, inventera une biologie prolétarienne ( = ouvrière) !!

 

e°) Le culte de la personnalité.

 

Staline est encensé comme un Dieu par les peintres,

 

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par les poètes,

 

 

O grand Staline, ô chef des peuples
Toi qui fais naître l'homme
Toi qui féconde la terre
Toi qui rajeunis les siècles
Toi qui fais fleurir le printemps
Toi qui fais vibrer les cordes musicales
Tu es la fleur de mon printemps
Un soleil reflété par des millions de coeurs humains

Poème de Rashimov, publié dans La Pravda du 28 août 1936.

 

Des villes sont débaptisées et sont appelés avec le nom du chef de l'URSS. Volgograd deviendra la célèbre Stalingrad !

 

Nous pouvons conclure que Staline a trahi les idéaux de la révolution bolchevique et qu'au lieu de libérer l'homme, il l'a enchaîné encore plus !

 

Répondez à ce QUIZZ pour vous tester sur la révolution bolchevique, de Lénine à Staline !

 

 

 

 

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12 juin 2010 6 12 /06 /juin /2010 18:46

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Bibliographie:

 

Qu'est ce que le nazisme ? de Ian Kershaw, Gallimard/Folio, 1997.

 

 

 

 

 

 

 

Le 30 janvier 1933, le vieux maréchal et président de la Répubique de Weimar, Von Hindenburg, nomme Adolf Hitler au poste de Chancelier. Le futur Führer, habillé comme un politicien classique, avait trompé son monde sur ses motivations profondes, et va très vite mettre fin au régime démocratique pour instaurer un Etat totalitaire.

 

1°) La fin de la République de Weimar.

 

Le 27 février 1933, l'énigmatique incendie du Reichstag (= le parlement allemand), permet à Hitler de suspendre les libertés publiques et de mettre hors la loi le parti communiste allemand (KPD). Sous la pression des Sections d'Assaut (SA), un Reichstag terrorisé vote les pleins pouvoirs à Adolf Hitler. En mai, les syndicats allemands sont dissous et le 14 juillet 1933, le NSDAP (= parti nazi) dont l'emblème et la Svastika,

 

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devient le seul parti autorisé, en Allemagne ce qui consacre la fin du régime parlementaire de Weimar et de la démocratie allemande.

 

2°) Le culte du chef.

 

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Par le Führerprinzip (= le culte du chef), énoncé dans Mein Kampf, bible des nazis, Hitler demande aux allemands une soumission totale à sa volonté et une acceptation sans réserve de l'idéologie nazi. Le ministre de la Propagande nazi, Joseph Goebbels,

 

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organise le culte d'Adolf Hitler, présenté comme un demi-dieu guidant le peuple allemand en lui apportant la lumière  (voir la photo ci-dessus).

 

3°) L'organisation de l'Etat totalitaire.

 

Un Etat totalitaire est un Etat qui contrôle tous les aspects de la vie d'un pays (Politique, économie, culture ...)et s'immisce dans la vie des gens.

 

a°) Le NSDAP, un parti unique.

 

Le parti national-socialiste (parti nazi) est le seul parti autorisé dans l'allemagne nazie. Les Sections d'Assaut (SA), sont les soldats du parti.

 

) Gestapo, SS, et camps de concentration.

 

Pour contrôler la population et traquer les opposants politiques à Hitler, il y a  la Gestapo. Pour protéger le Führer et défendre le régime nazi, il y a la SS, qui applique l'idéologie raciste du régime, notamment qui garde les camps de concentration. Les opposants politiques du régime, les communistes, les socialistes et les juifs, sont mis dans des camps de concentration. Le premier, Dachau, est crée dès 1933. Le grand chef du système répressif nazi se nomme Heinrich Himmler,

 

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Reichführer SS, qui fera de la SS,  un véritable Etat dans l'Etat !

 

c°) Le Contrôle de la population.

 

Les jeunes sont embrigadés dans la Jeunesse Hitlérienne,

 

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qui éduque les enfants et adolescents allemands dans le culte du Führer et dans l'apprentissage des idéaux nazis (racisme, culte du chef, supériorité des allemands sur les autres peuples, haine des juifs).

 

Le Front du Travail, dirigé par le Docteur Ley, contrôle les salariés, et organise même les vacances des travailleurs allemands, par l'organisation La Force par la joie.

 

d°) La censure.

 

Le Docteur Joseph Goebbels contrôle l'information, la radio, le cinéma et interdit certains auteurs, juif notamment, en organisant des autodafés, où l'on brûle les livres interdits. Les artistes juifs, cinéastes, changeurs, comédiens, ne pourront plus travailler dans l'Allemagne nazie, et beaucoup s'exilent en France et surtout aux USA, à Hollywood, notamment le célèbre réalisateur allemand, Fritz Lang.

 

e°) Le racisme d'Etat.

 

L'idéologie nazie est antisémite (= contre les juifs), et prône la supériorité de la race germanique sur les autres peuples. Par les lois de Nuremberg, en 1935, les nazis vont exclure les juifs de la société allemande, en interdisant le mariage mixte et en excluant les allemands de confession juive de la fonction publique et de certains métiers.

Ce racisme d'Etat se renforcera durant la guerre, en débouchant sur l'extermination, dans des camps (Auschwitz), des juifs européens.

 

f°) L'idéologie nazie.

 

Elle prône la supériorité de la race aryenne, la négation des droits individuels et des individus au profit de la race germanique, et se pare d'un antisémitisme féroce, qui ira jusqu'à l'extermination des juifs.

Le programme hitlérien, développé dans Mein Kampf (Mon Combat),

 

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prévoit un espace vital pour les allemands, le Lebensraum, dans les territoires de l'Est de l'Europe (Pologne, URSS), qui annonce, déjà, la seconde guerre mondiale. Les populations slaves (Russes, ukrainiens) sont considérées comme composées de sous-hommes, corvéables à merci !

 

Testez vos connaissances sur le nazisme en répondant à ce QUIZZ.

Le nazisme fut à l'origine du plus gros désastre du 20eme siècle !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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