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18 décembre 2012 2 18 /12 /décembre /2012 17:40

La culture humaine fut d'abord religieuse, sur tous les continents et à toutes les époques du passé. Il faudra attendre le "miracle grec", expression forgée par Ernest Renan, au Veme siècle avant J.C, pour voir la naissance de la philosophie, qui se donnait pour objectif d'expliquer le monde, non pas par des mythes religieux, mais par la puissance de la raison, donnant naissance au courant matérialiste, avec Démocrite, qui contenait, en son sein, la future sécularisation du monde. Mais le monde grec était encore profondément baigné de pensée religieuse puisque Socrate, accusé d'impiété, dut boire la cigüe. L'Empire romain s'inspira largement de l'héritage culturel grec, recyclant le panthéon des dieux de l'Olympe et  marqua profondément les territoires conquis , donnant, chez nous, une culture gallo-romaine  métissage entre l'héritage gréco-romain et la culture barbare. Se voulant universel, Rome par l'édit de Caracalla, en 212 après J.C, fit citoyen romain tout homme libre habitant l'Empire, consacrant le "melting-pot" impérial. 

 Par l'édit de Milan, en 313 après J.C, l'empereur Constantin permit aux chrétiens d'exercer leur culte et se convertit au christianisme, annonçant la primauté de la culture chrétienne sur l'Occident, malgré la chute de Rome, en 476 après J.C. L'Eglise, alors seule administration qui maillait le territoire ouest-européen, dans l'anarchie ambiante, imposa la religion chrétienne à des rois barbares intéressés par l'aide de ce puissant allié, qui gouvernait les esprits et les hommes, dans ces vastes territoires. Mais le message chrétien contenait, en lui, la future sécularisation du monde, car il fallait rendre à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui revient à Dieu,  expression prononcée par Jésus devant les pharisiens et l'évêque d'Hippone, Saint-Augustin, créateur du libre-arbitre, avait déjà distingué la cité des hommes de la cité de DieuMais cette sécularisation du monde allait prendre 2000 ans !!

 

I.De la culture sacrée à la culture profane.

 


Le moyen-âge fut empreint d'une grande religiosité, mais la réforme grégorienne, qui s'étala du 11eme au 12eme siècle, allait poser les conditions d'une future sécularisation du monde.

 


A°) La réforme grégorienne ou la distinction de l'espace sacré de l'espace profane.

 

La réforme grégorienne, qui dura deux siècles, même si elle a été rattachée au pape Grégoire VII, s'attacha à renforcer l'administration ecclésiale par rapport au pouvoir civil, et à délimiter l'espace sacré de l'espace profane, dans tous les aspects de la société, qu'ils soient immobilier ou juridique. En séparant les deux espaces, sacré et civil, cette réforme permettait l'émergence d'une société civile, qui se dégagera, progressivement, de sa gangue religieuse.

 

B°) La redécouverte des auteurs antiques.

 

C'est à Tolède que les commentaires des savants musulmans sur les auteurs antiques attirent des clercs de tout l'Occident. Un Daniel de Morley ou un Gérard de Crémone apprennent même l'arabe pour suivre l'enseignement des maîtres du quadrivium,  et traduisent les textes en latin. Ces "intellectuels", comme les nomme Jacques Le Goff,  seront à l'origine de la Renaissance du XIIeme siècle.

 

C°) L'Humanisme ou le nouveau Prométhée.

 

Le mouvement humaniste du 14eme siècle fut le résultat de la réforme grégorienne et de cet héritage antique, transmis par les savants d'Al-Andalus et repris par ces clercs européens. Ce nouvel esprit qui soufflait sur l'Occident chrétien, qui faisait de "l'homme, selon la formule de Protagoras, la mesure de toute chose", renversant le paradigme de la Chute, et consacrant l'homme comme l'égal de Dieu, se retrouvait dans l'élégant tableau de Jan van Eyck, Les époux Arnolfini (1434), tableau sans aucune référence religieuse, qui décrivait l'intérieur d'un couple de marchand vénitien, à Bruges.

 


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La précision des détails et la magnificence des couleurs vient de l'utilisation de la peinture à l'huile, rare, à cette époque où les peintres peignaient "a tempera", une peinture à base d'eau.

A noter qu'en 1433, dans L'homme au turban rouge

 

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Van Eyck fera son autoportrait, un des  premiers de l'histoire de la peinture occidentale, preuve que l'individualisme faisait son chemin et que les mentalités évoluaient.

 

70 ans avant la réforme protestante, alors que les peintres italiens sortaient à peine du style "gothique international", avec ses anges musiciens et ses "madonne", le flamand van Eyck peignait un double mouvement qui frappait la Flandres, la sécularisation du monde et la montée en puissance de la bourgeoisie marchande. Emergence déjà certifiée 80 ans plus tôt, dans le royaume de France, alors ravagé par la guerre de cent ans, par le défi d'Etienne Marcel, le prévôt des marchands parisiens, fait au dauphin, le futur Charles V, en faisant massacrer, en sa présence, le 22 février 1358, deux de ses maréchaux.

80 ans plus tard, Quentin Metsys évoquera l'irrésistible ascension des banquiers, dans Le prêteur et sa femme, dans une scénographie encore dépourvue de thématique religieuse.

 


metsys banque bank dsk 

 

En France, Michel de Montaigne, dans ses Essais, n'aura d'autres projets que de se peindre soi-même, de faire son portrait et non de parler de Dieu, ce qui illustrait bien l'émergence de l'individu et préfigurait le futur individualisme.

D°) De la Cène au repas de noce.

Les artistes ne se contentent plus de figer les figures de l'autorité, religieuse ou politique et si Léonard de Vinci représente la Cène (1498), 

 

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Peter Brueghel l'Ancien, 60 ans plus tard, nous peint une scène d'un "Repas de Noce" (1567),  plus prosaïque, une tablée paysanne qui tranche avec la production du siècle et fait de la vie quoditienne du petit peuple, un motif artistique.

 

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Brueghel, qui a aussi excellé dans la peinture biblique, avec sa célèbre tour de Babel, en vient à traiter des sujets moins reluisants, comme ces Mendiants, éclopés et cul de jatte.

 

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Cette culture d'en bas sera aussi chantée par François Villon, première figure du "poète maudit" qui célèbrera les gueux plutôt que les princes, les pendus plutôt que les vendus,  preuve que l'air du temps commençait à changer.

 

E°) La querelle des anciens et des modernes, deux conceptions de la culture.

La culture se dynamisait, avec le moderne Charles Perrault, qui voulait la nourrir de l'air du temps et qui contestait la conception traditionnelle d'un Boileau, à la fin du 17eme siècle, qui résumait la création artistique à la reproduction des modèles antiques. Cette querelle des Anciens et des Modernes traduisait deux conceptions de la culture, l'une ouverte sur son temps, l'autre repliée sur le passé, l'une s'alimentant dans la culture populaire des contes, l'autre, comme chez Racine, se nourrissant de culture classique.


F°) La philosophie des Lumières ou la sécularisation du politique.

 

Les philosophes des Lumières seront tous les enfants de l'humanisme, sécularisant l'espace politique, comme Rousseau, qui, dans son Contrat social,  voyait les organisations humaines comme le fruit de relations contractuelles et non pas comme des entités mandées par une transcendance céleste, opposant la souveraineté populaire à la légitimité de droit divin. Le mot d'ordre des Lumières serait "Ose savoir", comme Kant, Spinoza et les Encyclopédistes le proclamaient, devise qui, nécessairement, remettait en cause la culture admise pour s'ouvrir vers d'autres horizons.

Ces nouvelles idées seront portées par la Révolution Française et sa Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, puis par la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat, en 1905, séparant, définitivement, les registres politique et religieux.

 

G°) De Michel-Ange à Gustave Courbet ou deux visions de la création du monde.

 

Cette sécularisation de la culture éclate dans les visions de la création du monde, celle de Michel-Ange, sur le plafond de la chapelle Sixtine

 


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à l'Origine du monde de Gustave Courbet, en 1866 !

 

 


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II. La culture au service de la Nation.

 

A°) Nation et culture Nationale.

 

La nouvelle nation devait s'appuyer sur le "génie national" pour se forger une nouvelle identité, empruntant des chemins qui incertains. La conception de Fichte, dans son Discours à la Nation allemande, en 1807, sera essentialiste et fermée, puisque la germanité s'appuiera sur une langue commune, l'allemand, sur une même histoire et une même culture. Plus d'un siècle plus tard, Hitler portera cette conception jusqu'à l'absurde. Si en France, Renan, dans son discours à l'Académie française, en 1882, prendra le contre-pied de l'allemand en liant le projet national à une adhésion, dans la réalité, l'état français va instrumentaliser la culture à des fins idéologiques.

 


B°) Le primat de la langue française sur les langues régionales.

 

Si François 1er, avec l'ordonnance de Villers-Cotterêts, en 1539, avait fait du français la langue de l'administration et de la justice, et si 10 ans plus tard, en 1549, le poète de la Pléiade, Joachim du Bellay clamait son amour de la langue française dans sa Défense et illustration de la langue française,   il fallut attendre la Révolution Française de 1789, pour que le nouvel Etat-Nation voulut imposer le français comme langue d'usage. Les historiens parlèrent même de Terreur linguistique, après le discours, devant la Convention, du jacobin Bertrand Barère de Vieuzac, le 27 janvier 1794:

" La monarchie avait des raisons de ressembler à la tour de Babel ; dans la démocratie, laisser les citoyens ignorants de la langue nationale, incapables de contrôler le pouvoir, c'est trahir la patrie. Chez un peuple libre la langue doit être une et la même pour tous ».

L'abbé Siéyes rajoutera qu'il fallait anéantir les patois et imposer le français comme la langue universelle. A homme nouveau, langue nouvelle, et le citoyen devra s'exprimer dans la langue nationale. La construction du sentiment national passait par l'écrasement des langues locales, censées retarder l'émergence du prométhée hexagonal.

Ce n'est pas un hasard si Frédéric Mistral et d'autres poètes provençaux, en 1854, créèrent le Félibrige pour défendre la langue provençale.

Il faudra attendre la loi Deixonne, en 1951, pour que les langues régionales retrouvent toute leur place dans l'Education Nationale.

 

C°) L'art et le patrimoine au service du génie national.

 

Napoléon qui avait compris l'importance de la propagande, avait mis en scène la réalité de son pouvoir, en se servant du talent du peintre Jacques-Louis David pour créer sa propre légende. Le "surhomme" est en marche !

 

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(Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard, 1800)

 

Le génie français avait besoin de supports et c'est dans le patrimoine médiéval qu'Eugène Viollet-le-Duc le verra. C'est par son action que Notre-Dame-de-Paris et la cité de Carcassonne seront réhabilitées, faisant revivre un passé médiéval délaissé par les populations. Pendant fort longtemps, les chateaux-forts servirent plutôt de carrière que de musée ! La notion de patrimoine national apparaît donc dans le sillage de l'Etat-Nation.

 

 

D°) L'instrumentalisation de l'histoire.

Mais c'est surtout dans la construction d'une geste nationale que l'Etat instrumentalisera la culture historique à fin de forger un sentiment national. Le Tour de France par deux enfants sera la bible de l'histoire française pour des générations d'écoliers, avec "nos ancêtres les gaulois" qui sera même répétée par les petits africains ! On y apprenait les grandes figures de l'histoire française, la division de la population mondiale en 4 races, et l'oeuvre civilisatrice de la colonisation française. 

Le paradoxe de cette IIIeme République s'incarnera dans la figure de Jules Ferry, père de l'instruction publique et surnommé le Tonkinois, pour avoir initié et légitimé la colonisation.

Cette construction d'une histoire nationale était le corollaire de l'Etat-Nation, hégémonique et belliqueux, qui devait forger le sentiment national des futurs soldats. Même le jeune Arthur Rimbaud voulut s'engager dans la Garde Nationale pour laver l'affront de Sedan, en 1870, preuve de la prégnance de cette culture nationaliste.

Cette culture au service de l'Etat atteindra son zénith avec les régimes totalitaires de la première moitié du 20eme siècle, du nazisme au stalinisme, avec l'art au service exclusif d'une idéologie.

Plus généralement, selon la conception marxiste, la culture institutionnelle n'est que le reflet des rapports de classe et dans un Etat bourgeois, la culture s'assimile à de la propagande. Antonio Gramsci avait parlé d'hégémonie culturelle qui participe au consentement des prolétaires à la civilisation bourgoise, alors que les tenants de l'Ecole de Francfort évoquait les industries culturelles. Pour Théodor Adorno et Max Horkheimer, dans La dialectique de la raison, les industries culturelles en diffusant une culture de masse, tendent à uniformiser les modes de vie dans une logique économique.

 

E°) L'émergence des cultures d'en-bas.

 

Le 19eme prend aussi les couleurs d'un naturalisme inédit, avec un Jean-François Millet qui évoque cette France paysanne, si longtemps oubliée, toujours imprégnée de cette culture du sacré, comme dans L'Angelus.

 


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Balzac, dans sa Comédie Humaine, avait narré avec un souci quasi-sociologique, cette France paysanne et petite-bourgeoise du début du 19eme siècle puis ce fut Emile Zola, dans sa saga des Rougon-Macquart, vaste fresque du petit peuple sous le Second Empire, qui évoqua cette culture ouvrière, au travers de livre emblématique comme L'Assomoir ou Germinal, monde laborieux trop longtemps tu.

 

F°)  Vers une autonomie de la culture ?

 

Il n'en reste pas moins que ce 19eme vit aussi une modernité nouvelle, notamment en peinture et un début de séparation entre l'art et l'Etat. C'est Napoleon III qui fit organiser le célèbre Salon des refusés (1863), par l'Académie des Beaux-Arts, et c'est le même Jules Ferry qui donna leur liberté aux artistes, dans un fameux discours de 1881.

 

III.De la culture aux cultures.

 

A°) La remise en cause des cultures institutionnelles.

 

La découverte des Arts Premiers qui influença le cubisme et plus particulièrement Picasso dans ses Demoiselles d'Avignon (1907), avec ce visage inspiré d'un masque africain, le travail des ethnologues comme Marcel Mauss ou Claude Levi-Strauss firent découvrir de nouveaux continents humains avec un rapport au monde et une culture bien différente de la nôtre. Chez les peuples colonisés il y aura Léopold Sedar Senghor et Aimé Césaire qui réhabiliteront cette culture africaine et créole combattue par le colonisateur.

Cette affirmation culturelle des peuples opprimés se fit dans la douleur des guerres coloniales, et un Frantz Fanon stigmatisera dans son Peau noire, Masques blancs, l'hégémonie culturelle occidentale qui aliéna les masses colonisées.

 

B°) Histoire institutionnelle et histoire populaire.

 


Sous l'action de l'Ecole des Annales, des historiens comme Fernand Braudel ou Emmanuel Leroy-Ladurie nous font redécouvrir cette histoire d'en-bas, sociale et paysanne, faites de petits ruisseaux qui ont alimenté le fleuve de la grande histoire, comme dans Montaillou, village occitan

 


C°) La réhabilitation des cultures régionales.

 


L'Etat jacobin français lutta contre les cultures régionales qui empêchaient la formation de la nation française. Il fallut attendre la loi Deixonne, en 1951, pour que 4 langues régionales soient à nouveau autorisées et enseignées à l'Ecole, la loi Haby de 1975 parachevant le travail. Des écrivains comme Pierre-Jakez Helias, Marcel Pagnol ou Jean Giono firent ressurgir ces cultures régionales. Aujourd'hui, notamment dans la gastronomie, les appelations de terroir font fureur, et les musiques locales ont beaucoup de succès, comme les polyphonies corses ou la chanson celtique.

La loi Defferre sur la  décentralisation, en 1982, redonna un pouvoir politique à des régions qui en étaient bien démunies.

Mais les mouvements régionaux ne sont pas exempts de toutes dérives nationalistes, comme au Pays Basque ou en Corse. Le père du nationalisme basque, Sabino Arana Goiri était accusé de racisme et certains mouvements bretons, comme le Brezen Perrot, ont collaboré avec les nazis durant la guerre par haine anti-française.

 

D°) Culture de classe, culture générationnelle.

 


Les mutations initiées par les révolutions industrielles vont faire émerger de nouvelles classes sociales, la classe des salariés et plus particulièrement des ouvriers. Les bals populaires, l'apéritif au café, le football, le cyclisme vont être les marqueurs de cette nouvelle culture ouvrière structurée par des associations et des organisations politiques, qui se voulait humaniste et solidaire. Cette culture-là se dissout aujourd'hui dans la désindustrialisation qui frappe les pays occidentaux et dans la disparition de métiers qui avaient une forte identité. Le réalisateur marseillais Robert Guédiguian évoque cette culture qui se meurt dans ce quartier de l'Estaque parsemé de friches industrielles. 

Si la culture ouvrière disparaît, la culture "jeune" se porte bien. Née durant les "Trente Glorieuses" et l'enrichissement de l'Occident, synonyme d'argent de poche pour les jeunes et d'accès aux études supérieures,  elle eût ses icones avec James Dean

 

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et Elvis Presley, dans les années 50, aux USA, en France avec "Salut les copains" et les Yéyés, s'articulant autour des produits culturels comme le disque, la radio, le cinéma et la télévision. On peut voir les événements de Mai 68 comme l'expression des revendications de cette jeunesse qui en avait marre de la morale désuète gaullienne et voulait plus de liberté.

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La culture "jeune" peut être perçue comme un désir individualiste et épicurien de profiter de la nouvelle opulence donnée par la société de consommation et de jouir de nouveaux droits individuels, en s'appuyant sur le slogan "il est interdit d'interdire". La liberté sexuelle sera un des nouveaux étendards de cette jeune génération qui s'épuisera dans l'antienne: "Faites l'amour, pas la guerre". Un autre versant de cette culture juvénile s'inscrira dans le mouvement Hippie, qui ajoutera à cette revendication de liberté, un refus de la société de consommation. Le Festival de Woostock, en 1969 sera le zénith musical de ce mouvement "peace and love", 

 

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et se focalisera dans le combat contre l'extension d'un camp  militaire, dans le Larzac, dans les années 70.

Nous pouvons noter, aussi, avec l'allongement de l'espérance de vie, de l'apparition d'une culture "troisième âge", qui s'articule autour des associations, des Universités du Temps Libre et des voyages organisés. Certains arts, comme le dessin et la peinture sont très appréciés de nos retraités. Ce poids grandissant des retraités dans nos sociétés a des conséquences dans tous les domaines de la société.

 

 

 

E°) Du haut vers le bas, la démocratisation de la culture institutionnelle.

 

Le nombre de musées, en France, a explosé, avec 35 musées nationaux et 1200 musées provinciaux, cumulant 27 millions de visiteurs en 2011, permettant au plus grand nombre de profiter des oeuvres d'art.

 

IV. Du musée au supermarché, de la culture à la consommation.

 

A°) La société de consommation.

 

L'émergence de la société de la consommation, avec son cortège de publicité, de nouveaux objets et de supermarchés a pronfondément marqué les comportements des citoyens et la cultur occidentale. Comme l'avait noté le sociologue Jean Baudrillard, dans La société de consommation, l'acte de consommation ne répond pas à des besoins, mais à un désir, pour les individus, de se différencier.

Guy Debord, dans La société du spectacle, parlait de la marchandise comme d'un "produit total" et stigmatisait notre aliénation aux produits, à ces objets qui se multiplient et qui rendent cette consommation si séduisante.

 

b°) Culture consumériste, marchandise artistique.

 

La société de consommation va profondément impacter la culture contemporaine par son esthétique et son mode de production. Nous allons assister à un double mouvement : d'une part, l'art qui va s'accaparer les objets de consommation, d'autre part, ces mêmes marchandises qui vont entrer dans les musées.

C'est Stuart Davis, formé à l'Ash Can School de Robert Henri qui, le premier, va immortaliser avec Lucky Strike

 

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une marque commerciale sur un tableau, relayé un peu plus tard par le Pop Art, qui fera de l'objet de consommation, un vecteur artistique, comme la Campbells Soup d'Andy Warhol.

 

Warhols campbell soup

 

Dans le sillage des Ready Made de Marcel Duchamp, la logique d'esthétisation de l'objet de consommation va s'épuiser dans Ale Cans, de Jasper Johns !

 

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Si les objets entrent dans les galeries et les musées, transcendant leur dimension fonctionnelle pour dégager leur puissance esthétique, l'art se démocratise, aussi, par le biais du design, en esthétisant les produits de consommation courants, comme le prêt-à-porter qui intègre des éléments de la haute-couture.

La forme suit la fonction, selon la formule de Louis Sullivan, sera repris par le Bauhaus, promoteur d'un art de masse s'inscrivant dans les objets de la vie quotidienne. Le Beau institutionnel a aussi envahi l'univers de la consommation, la forme de certaines voitures restant cultissime, comme la DS Citroën ou certaines voitures de sport.

La société de consommation est aussi une machine à recycler les modes et les mouvements politiques et sociaux, comme ce Che, féroce anticapitaliste, qui orne, désormais, des T-Shirts et autre grille-pain.

 

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La forme au détriment du fond, serait aussi une antienne du design et des arts décoratifs, qui noient le consommateur sous une pluie d'images, neutralisant tout discours hétérodoxe.

 

C°) La TV et le cinéma, cheval de Troie de l'impérialisme culturel américain ?

 

La promotion de la société de consommation et de l'American Way of Life se sont faites par l'intermédiaire du cinéma et des séries TV américaines, générant une "colonisation" des esprits selon des schémas culturels étatsuniens. Juste après la guerre, en 1946, les accords Blum-Byrnes ouvrent la France au cinéma américain qui va envahir les grands écrans hexagonaux. Par le biais du cinéma, puis des séries TV, le mode de vie étatsuniens va impacter les habitudes européennes, ancrant ces dernières dans une culture libérale et consumériste. Le cinéma américain sera tellement pregnant, que certains genres typiquement US, comme le western, dont John Wayne fut un héros récurrent, 

 

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furent repris par des cinéastes européens, notamment en Italie, avec le western spaghetti ! Un film comme Il était une fois dans l'Ouest, de Sergio Leone, resta plusieurs années à l'affiche dans une salle parisienne, et rendit célèbre le cinéaste italien, qui revisitera l'histoire américaine avec Il était une fois la révolution et Il était une fois en Amérique, illustrant bien l'influence de la culture étatsuniennes sur l'Europe d'après-guerre.

Les séries TV US contribuent aussi à populariser la culture américaine dans le monde entier et la multiplication des chaînes, noie le téléspectateur dans un continuum d'images infini. Les programmes de divertissement deviennent la norme et détournent (divertir vient du latin "divertere" qui signifie "détourner")  le citoyen des vrais problèmes.

 

Certaines civilisations comme l'arabo-musulmane, résistent à cet impérialisme culturel américain, qui bouleverse les traditions et les valeurs de ces pays. 

 

D°) Les supermarchés, cathédrales de la consommation.

 

Faire du shopping devient une activité courante, dans des centres commerciaux de plus en plus vastes qui attirent de vrais acheteurs et des badauds, parfois sans le sou, qui viennent participer à cette fête de la consommation, avec les yeux. Des magasins discount vendent des babioles à des prix bon marché, pour que tout le monde s'intègre à ce consumérisme effréné et souvent absurde et participe à la grande fête consumériste comme l'illustre Duane Hanson, avec des oeuvres qui stigmatisent ces pratiques, comme Supermarket Lady.

 

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Chez l'individu, le consommateur prend le dessus sur le citoyen.

 

V°) La révolution internet, vers une culture mondialisée.

 

A°) La galaxie internet.

 

L'invention de la toile va impacter la société comme le fit l'invention de l'imprimerie de Guttenberg ou l'irruption de la télévision. Internet démocratise l'accès au savoir et rend la formule de Mc Luhan, "le village mondial" efficiente.

La chanson de Psy, un chanteur sud-coréen, est devenu mondialement connue grâce à You Tube.

Internet remet en cause la toute puissance des médias traditionnels, qui s'interposaient entre le citoyen et la réalité par la médiation des journalistes. Désormais, l'accès à un média de masse peut se faire à un prix dérisoire et le phénomène des blogs a pris une ampleur sans précédent, avec environ 10 millions de blogs aujourd'hui, en France. Les sites et les blogs sur internet court-circuitent la médiation journalistique et libèrent la parole venant de la France d'en-bas.

Les jeux vidéos réunissent aussi des millions de joueurs à travers le monde, créant une interactivité passionnante mais très addictive, qui plonge le joueur dans un monde merveilleusement universel mais virtuel. Ces jeux vidéos sont un peu le nouvel "opium du peuple", 10 fois plus hypnotisant que cette vieille télévision !

 

B°) Des capitales mondialisées.

 

Dans les villes, une culture uniformisée se met en place, avec, par exemple, une worldfood que l'on retrouve dans toutes les capitales, du hamburger au kebab en passant par le sushi.

La mode se diffuse de partout, comme le sportwear qui, au travers de l'image de quelques stars mondiales, comme Michael Jordan, marque les habitudes vestimentaires de millions de gens. 

Les nouvelles technologies nomades sont des adjuvants universels, initiant de nouvelles manières de communiquer.

 


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